14 mai 2019
Samedi 18 mai, des marches contre Monsanto sont organisées partout dans le monde et dans 31 villes en France. Génération Ecologie appelle les citoyennes et les citoyens à participer nombreux à cette mobilisation pour dire :
- Stop au glyphosate que le gouvernement refuse d’interdire ;
- Stop à tous les pesticides qui nous empoisonnent et tuent la biodiversité et le vivant qui s’effondrent ;
- Stop aux lobbys de l’agrochimie, qui manipulent les données scientifiques, agissent dans les coulisses du pouvoir et du parlement, organisent le fichage illégal des journalistes, des ONG et des élus ;
- Oui à une politique agroécologique commune 100% bio maintenant !
La justice vient à nouveau de condamner lourdement Bayer/Monsanto à verser 2 milliards de dollars de dommages à un couple américain atteint de lymphomes. Mais les pouvoirs publics, en Europe et en France, continuent de ne pas reconnaître le lien entre glyphosate et cancers et ont voté pour le renouvellement de l’autorisation de ce poison. Il est urgent de proclamer la séparation de l’Europe et des lobbys !
Consultez la liste des marches et évènements organisés en France : https://www.facebook.com/events/411352662747058/
A Paris la marche partira à 14h de la Place de la République.
Nous publions ci-dessous l’appel signé par plus de 100 organisations, dont Génération Ecologie :
Le 18 mai 2019, pour la septième année consécutive, des citoyens du monde entier se rassembleront dans des centaines de villes pour des Marches et des actions non-violentes. Ils manifesteront contre le système agro-industriel incarné par les multinationales de l’agrochimie, responsables de l’empoisonnement de la planète et de ses habitants actuels et futurs.
La Marche mondiale contre Bayer/Monsanto est l’occasion de dénoncer collectivement un modèle agricole qui va dans le mur. L’agriculture intensive et industrialisée est dépendante à la fois de semences génétiquement modifiées (OGM) et de produits de synthèse dont nous ne voulons pas : pesticides toxiques et engrais climaticides. Elle est sous la coupe de multinationales qui s’approprient le vivant, dont le symbole planétaire Bayer/Monsanto n’est qu’un représentant parmi d’autres (Syngenta, BASF, Dow Chemical, DuPont, ChemChina, Limagrain…). Avec les agriculteurs, premières victimes de ce système mortifère, les citoyens sont évidemment touchés par les conséquences sanitaires de la dispersion incontrôlée de milliers de molécules de synthèse dans l’environnement. La situation est d’autant plus alarmante que la France est le deuxième consommateur européen de pesticides et le troisième au niveau mondial.
L’urgence climatique et environnementale exige un changement radical du monde agricole, qui ne peut continuer à favoriser uniquement les plus grandes exploitations au détriment de la majorité des petites fermes. Les négociations actuelles pour la prochaine PAC (2021-2027), dont le budget devrait s’élever à plus de 300 milliards d’euros, doivent remettre complètement à plat le système de subventions pour réserver celles-ci aux agriculteurs écologiques et inverser ainsi la tendance actuelle qui privilégie les systèmes les plus polluants.
Des investigations médiatiques ont récemment révélé les pratiques révoltantes des multinationales de l’agrochimie qui publient des études scientifiques falsifiées, exercent une énorme pression sur les institutions internationales et européennes (notamment l’EFSA et l’ECHA) et infiltrent ces dernières pour obtenir la prolongation d’autorisation de leurs poisons ou encore utilisent la technique du ghostwriting en payant certains scientifiques pour s’acheter une intégrité.
Régulièrement, des scandales planétaires viennent rappeler les conséquences catastrophiques des pesticides de synthèse sur la santé humaine et l’empoisonnement de l’environnement (glyphosate sur toute la planète avec notamment les épandages par voie aérienne en Argentine, au Brésil et en Colombie, dicamba aux États-Unis, chlordécone dans les Antilles françaises…).
Depuis des années, des procédures judiciaires contre Monsanto sont en cours aux États-Unis (plus de 13 400 à ce jour) et la multinationale a récemment été condamnée par deux décisions de justice à verser des dizaines de millions de dollars de dommages et intérêts aux victimes plaignantes (Dewayne Johnson et Edwin Hardeman). En France, l’agriculteur Paul François, gravement intoxiqué par un pesticide en 2004, vient de gagner pour la troisième fois une nouvelle étape dans son long combat judiciaire commencé il y a plus de 10 ans contre Monsanto. La Franco-Vietnamienne Tran To Nga a attaqué quant à elle 18 firmes américaines en 2014 pour avoir fabriqué les herbicides (dont 84 millions de litres d’agent orange) déversés pendant la guerre du Vietnam et qui ont provoqué un véritable écocide et une catastrophe humaine qui touche plus de 4 millions de victimes sur trois générations.
Les pesticides de synthèse n’ont jamais été aussi décriés dans le monde et des pays commencent à en interdire certains grâce à la pression populaire croissante. Depuis 2018, l’Union européenne (UE) a enfin interdit plusieurs pesticides néonicotinoïdes tueurs d’abeilles, la France a prohibé l’usage des pesticides de synthèse par les particuliers et dans les espaces verts publics et le Vietnam vient tout juste d’interdire le glyphosate sur son territoire !
Mais des décisions négatives récentes, telles que la prolongation d’autorisation du glyphosate dans l’UE jusqu’en 2022 ou le report à 2025 de la fin de la fabrication de pesticides interdits en France (mais exportés), continuent d’être adoptées au mépris de la santé humaine et de la préservation de l’environnement ! L’augmentation constante de la quantité de pesticides utilisés en France ces dernières années montre que l’État ne fait rien pour respecter ses engagements et continue de suivre le dogme du principal syndicat agricole pro-pesticides, la FNSEA.
Pourtant, les alternatives à l’agriculture intensive et aux pesticides existent déjà et il est plus que temps de les mettre en place dès maintenant à grande échelle. Nous ne pouvons nous permettre d’attendre encore des années pour réaliser une révolution agricole complète fondée sur une agriculture respectueuse de la planète et de ses habitants. Les aides de la prochaine PAC doivent aller en priorité aux petites exploitations qui pratiquent l’agriculture et l’élevage écologiques. Les pesticides de synthèse les plus dangereux (dont le glyphosate) doivent être interdits immédiatement et les autres doivent disparaître d’ici 2025. Nous ne voulons plus que les fermes-usines fassent partie du paysage agricole français et nous soutenons les élevages écologiques de proximité, sans soja transgénique importé d’Amérique du sud ni antibiotiques. Des mesures doivent être prises pour la reconversion des outils de production et des salarié-e-s des multinationales sus-nommées, comme la permanence, pendant la période de reconversion, d’un revenu et d’une protection sociale équivalents à l’emploi occupé précédemment.
De plus, les agences sanitaires nationales et européennes doivent exclure tous leurs membres concernés par des conflits d’intérêts et devraient avoir l’obligation de se baser sur des études scientifiques publiées n’émanant pas des multinationales qui fabriquent ces produits qu’elles contrôlent. Il est également important de garantir l’existence de laboratoires indépendants pour vérifier la non-dangerosité des produits fabriqués et/ou vendus en France.
Cette agriculture, écologique et productive, est créatrice d’emplois non-délocalisables, capable d’assurer aux producteurs un revenu juste et aux consommateurs des produits sains et accessibles à tous les budgets. Nous voulons une agriculture transparente et sans OGM, ni dans les champs, ni dans l’alimentation animale, grâce à une interdiction législative globale des organismes transgéniques et un étiquetage réel et précis sur tous les produits alimentaires, y compris les œufs, les produits laitiers et la viande. Le passage d’une agriculture industrielle à une agriculture écologique ne se fera pas sans une évolution globale de la qualité de notre alimentation, notamment dans la restauration scolaire. Cela doit passer en particulier par une baisse importante de la consommation de viande industrielle, une augmentation de la consommation de produits bio et locaux…
L’objectif de la Marche mondiale contre Bayer/Monsanto (MaM) ne se limite pas à une simple manifestation éphémère. Elle a vocation à rassembler des citoyens derrière un objectif commun : dénoncer l’agro-industrie et ses multiples représentants (industriels, politiques et syndicaux) dans le but de construire un grand mouvement collectif qui agisse toute l’année de manière radicalement non-violente.
Afin d’être plus efficaces, nous ne nous contenterons pas de marcher le 18 mai : nous mènerons aussi des actions d’interpellation directe prochainement, qui placeront multinationales, distributeurs, producteurs et élus devant leurs responsabilités.
La MaM est un événement militant non-partisan, autogéré localement par les personnes qui s’en emparent et s’organisent, dans une logique horizontale de convergence et de non-violence, afin d’assurer la participation du plus grand nombre. La réussite de la Marche dépend de la mobilisation des citoyens, des organisations et collectifs engagés dans les domaines de l’environnement, l’agriculture, la santé, l’alimentation, la défense des victimes de l’agrochimie…
Plusieurs marches auront lieu en France et dans le monde entier, nous devons nous joindre à cette grande vague de mobilisations. Toutes et tous soyons nombreux debout le 18 mai 2019 pour la vie de nos enfants, pour la défense de la Nature, pour un monde plus juste et en paix !