25 juin 2019
Pour la députée, présidente de Génération écologie, «l’écologie est devenue un enjeu de sécurité nationale».
LE FIGARO.- Le premier ministre a promis une «accélération écologique» de son gouvernement. Saluez-vous sa prise de conscience ?
Delphine BATHO. – C’est une concession qui traduit la fébrilité du pouvoir qui a compris que l’écologie émerge comme une alternative au système en place. Il reprend nos mots, à l’image du terme «d’urgence écologique» que nous avons porté aux européennes, mais le gouvernement est enferré dans une contradiction fondamentale, un déni, quand il évoque la force de la croissance. Une croissance infinie dans une planète limitée ce n’est pas possible.
Yannick Jadot veut rassembler les écologistes, dont le parti que vous présidez. Est-ce la bonne démarche?
Notre liste Urgence écologie a obtenu plus de 400.000 voix avec un budget de campagne dérisoire. Elle a pesé dans le débat bien au-delà de son score et participé à la dynamique d’ensemble. Quand on additionne les scores des partis écologistes, nous dépassons 17 %. C’est prometteur. Ça doit ouvrir une nouvelle page de l’histoire de l’écologie politique. Maintenant, à nous d’incarner une écologie capable d’accéder aux responsabilités. C’est la raison pour laquelle j’appelle à une alliance de tous les partis écologistes. Ma volonté, c’est que l’on se rassemble dans la diversité. À cette étape, vouloir bâtir un parti unique n’a pas de sens. Si c’est pour vivre les mêmes problèmes internes que les autres partis, quel intérêt?
Comment pourrait se concrétiser ce rassemblement?
On doit avancer vite. On discute d’une bannière commune qui rassemblerait les écologistes aux municipales. Il faut aussi bâtir un programme de gouvernement. Notre horizon, ce sont les échéances de 2022.
Un président écolo en 2022, c’est possible?
Oui. Je ne dis pas seulement que c’est possible, je dis que c’est nécessaire. L’urgence est telle que l’écologie est devenue un enjeu de sécurité nationale.
Des écologistes reprochent à Yannick Jadot sa timidité à se réclamer de la gauche. Qu’en pensez-vous?
Yannick Jadot et David Cormand ont mille fois raison de situer l’écologie en rupture avec le clivage droite-gauche. Certains ont du mal à nous imaginer au pouvoir par nous-mêmes, à nous voir autrement que comme force d’appoint. Mais l’ancien clivage est bel et bien obsolète. Il y a un point commun entre le libéralisme et le socialisme: tous deux nient les réalités de l’anthropocène, les limites planétaires et ne pensent leur projet de société qu’à travers la croissance économique. Les uns pour redistribuer les richesses, les autres à travers la théorie du ruissellement. Or ce modèle de surconsommation et de surproduction est en train de tuer le vivant et le climat. Il ne nous rend même pas heureux…
Votre ancien parti, le PS, veut incarner la «social-écologie»…
Tous les partis cherchent un «truc» écologique, mais c’est de la publicité mensongère sans rupture avec le productivisme. La social-démocratie n’est plus un horizon historique. La nouvelle espérance, c’est l’écologie et j’appelle à la rejoindre.
À Paris, Anne Hidalgo revendique un bilan écolo, mais EELV ambitionne de remporter la ville.
Je suis résolument pour une écologie indépendante, avec des listes écologistes partout au premier tour, sans cas particulier.