21 juin 2020
Génération Ecologie salue les propositions de la Convention Citoyenne et leur niveau d’ambition. Après plus de huit mois de travail et de nombreuses auditions d’experts, cet exercice inédit de démocratie directe délibérative de citoyens tirés au sort livre un ensemble de propositions sérieuses et précises.
Ces propositions constituent un point d’appui considérable pour toutes celles et ceux qui luttent pour l’écologie. Nous y retrouvons de nombreuses propositions de notre liste Urgence Ecologie lors des élections européennes et des combats que nous portons au parlement, qui, il y a peu, étaient encore considérés par certains comme « excessifs » comme l’abaissement de la vitesse sur autoroute, la reconnaissance du crime d’écocide et des limites planétaires, la fin des vols intérieurs et l’arrêt des extensions d’aéroports, la sortie du plastique, l’interdiction de la publicité…
La Convention Citoyenne apporte la preuve de la crédibilité de ces transformations et de la maturité de nos concitoyens, qui sont prêts à ce que les modes de vie changent. On peut toutefois regretter que les moyens n’aient pas été donnés à la Convention de réaliser le chiffrage de l’efficacité de ces propositions en terme d’impact sur l’empreinte carbone et l’empreinte écologique pour atteindre les objectifs qui découlent des rapports du GIEC et de l’IPBES. De même, le cadrage macro-économique d’une transformation écologique de notre modèle de production et de consommation appelle nécessairement la cohérence d’un projet politique d’ensemble, celui de l’écologie intégrale.
Avec intelligence, la Convention Citoyenne a refusé de tomber dans le piège référendaire, en mettant l’exécutif et le Parlement face à leurs responsabilités sur l’essentiel de leurs propositions. Tant que demeurera la nature présidentialiste du régime de la Vème République, elle empêchera en France l’organisation de votations à questions multiples, où les électrices et les électeurs répondent aux questions posées. Un tel processus appellerait une réforme institutionnelle d’ensemble. Même sur la révision constitutionnelle et le crime d’écocide, nous considérons l’option d’un référendum avec prudence, tant il pourrait être une fausse bonne idée dans le contexte politique actuel. Le rejet de la régionalisation en 1969, de la Constitution européenne en 2005, où encore le Brexit au Royaume-Uni, ont montré que ce type d’exercice peut être une aventure sans retour. Dans le contexte actuel, la perte de légitimité de l’exécutif pourrait lourdement desservir l’écologie.
Alors que le changement climatique s’accélère et que le gouvernement accorde actuellement des milliards aux secteurs les plus fortement émetteurs de CO2, les décisions ne peuvent pas être reportées à de prochaines échéances ou procédures. Nous appelons à donner force de loi aux 150 propositions immédiatement. Nous mettons en garde le gouvernement contre toute logique de « tri » qui écarterait les mesures qui ont le plus de portée, telles par exemple que la non-ratification du CETA.
Delphine Batho, Présidente de Génération Ecologie