05 août 2020
J’ai encore entendu récemment « l’urgence écologique rencontre l’urgence économique ». Comme si l’urgence écologique était une variable d’ajustement qui devait s’adapter aux attentes économiques…
Tout simplement, non ! L’urgence écologique est le cœur du changement de paradigme total que chacun appelle plus fortement depuis l’introspection favorisée par le confinement. Ce cœur ne s’arrête pas de (se) battre et il anime le vivant !
La société entière et son économie utilitariste se sont pris de plein fouet la pandémie et ses conséquences sanitaires et sociales. L’économie utilitariste commence à se prendre et se prendra en pleine figure les conséquences du changement climatique, avec une douleur sans précédent, y compris au regard de l’actuelle pandémie.
Est-ce que le changement de paradigme appelle la REconstruction ?
La définition de REconstruire est « Construire à nouveau ce qui était démoli ».
Si on construit de nouveau ce qui a été démoli par une crise, un choc, sans en comprendre (ou en faisant fi de comprendre) les causes et les conséquences, alors revient-on à la situation d’avant, parfois en faisant pire ? C’est le sentiment de l’ensemble des injonctions actuelles des plans de relance/reconstruction que nous entendons en ce moment, sous un doux fond de greenwashing à qui mieux mieux ! Et où chacun, car il aura mis, avec légèreté, « écologie » dans les discours, aura l’impression de se déculpabiliser des actes qui sont, en fait, « as usual ». Chacun se réinvente depuis le confinement. Et les esprits oppressés se déconfinent violemment pour revenir à l’état d’avant !
Pourtant, les chocs de la pandémie, exogènes et endogènes à la société humaine, sont la manifestation de changements structurels profonds. Et, à l’instar de l’entropie, la mesure de ces changements en met en évidence l’irréversibilité. Il est donc simplement impossible et stupide de REconstruire ce qui a été démoli sans tenir compte de la profondeur des changements !
Nous, Terriennes et Terriens, appelons à l’invention, à la résilience et à une autre forme de vivre ensemble que celle que l’utilitarisme économique a façonné depuis plus d’un siècle. Et non, la Reconstruction ou la Relance telle qu’elle est annoncée, tambour battant sous le drapeau claquant au vent de la croissance infinie.
Les faits sont là ! Ils sont chaque jour plus acerbes et cruellement visibles. À peine déconfinés, les pics de pollution sont de retour. La faune se reconfine à cause du tumulte insupportable de la société polluante et destructrice. Les turbulences extrêmes du changement climatique et de l’activité humaine sont là : 38°C en Sibérie, dégel du pergélisol, sécheresse et vagues de chaleurs se multiplient (comme encore cette semaine en France), inondations et crues toujours plus violentes, des tonnes de (micro)plastiques à outrance dans les océans, la voiture thermique au-delà des valeurs nominales de l’avant covid-19, les arbres et la flore meurent dans l’ignorance face aux agressions des écosystèmes bouleversés… Et, malheureusement, la liste s’allonge toujours plus !
Et pendant ce temps, le changement climatique n’est qu’un amuse-bouche que les doux destructeurs prennent en compte en prônant, « en même temps », sobriété écologique et croissance infinie d’un bien-être utilitariste sur un espace fini. Et c’est ainsi qu’ils clament « l’urgence écologique rencontre l’urgence économique ».
L’urgence écologique est, avant tout, l’urgence des Terriennes et des Terriens dont l’épanouissement dépasse le matérialisme consumériste et économique.
Nous n’avons plus le temps !
Pour les Terriennes et les Terriens, pour le vivant !
Pour un sourire, pour le bonheur !