02 décembre 2020
C’est avec une immense tristesse que nous avons appris le décès d’Anne Sylvestre.
De ses 86 années de passage sur Terre, cette grande dame lègue une diversité de contributions au matrimoine francophone, qui continueront de nourrir et de faire grandir nos consciences.
Écrivaine, compositrice et interprète prolifique et engagée, Anne Sylvestre nous raconte avec humanité les richesses de la nature, les humains, les saisons… Ses mots ciselés et sa voix claire ont ému et marqué des générations d’enfants et d’adultes.
Artiste exceptionnelle et féministe, elle raconte aussi avec intensité et malice les femmes et leurs liens, leurs combats, leurs forces. Elle soutient ces luttes par des prises de position vigoureuses pour les droits des femmes, notamment leur droit à disposer de leur corps en clamant « Non, je n’ai pas de nom ». Elle tisse aussi la solidarité féminine intergénérationnelle depuis ses « Fabulettes » ou lorsqu’elle s’adresse à sa fille, « Ma chérie », et exprime la complexité du rapport à nos corps de femmes, à nos « Carcasses ».
Certains de ses textes résonnent fortement avec le renouveau des mobilisations écoféministes, comme ce « Lac Saint-Sébastien » qui n’a pas fini de questionner les décalages entre la vanité des humains et leur vulnérabilité. Ou quand elle chante son amour et sa bienveillance pour « Les gens qui doutent », dans une société patriarcale où est glorifiée la virilité la plus affirmée.
Infinie gratitude pour « Une sorcière comme les autres » qui en a inspiré tant d’autres.
J’étais la déesse mère
Mais je n’étais que poussière
J’étais le sol sous vos pas
Et je ne le savais pas
Mais un jour la terre s’ouvre
Et le volcan n’en peut plus
Le sol se rompant découvre
Des richesses inconnues
La mer à son tour divague
De violence inemployée
Me voilà comme une vague
Vous ne serez pas noyé
Anaïs Widiez et Mathilde Bullot
Pour la Commission Écoféminisme de Génération Écologie