10 juillet 2021
La Déclaration de principes est inscrite à l’article 1er des statuts de Génération Écologie. Elle a été adoptée à la 13ème convention nationale à Lyon le 10 juillet 2021.
Pour l’imprimer ou par commodité de lecture, vous pouvez également la télécharger au format pdf ici.
Génération Écologie est le parti de toutes celles et ceux qui veulent conserver une planète habitable pour l’humanité et qui reconnaissent l’urgence première de ce défi historique. Parti de l’écologie de gouvernement en vue de l’exercice des responsabilités de l’État, il est déterminé à bâtir la crédibilité du projet de transformation écologique. Nous sommes le parti de celles et ceux qui lient l’urgence écologique à l’urgence sociale et démocratique.
Notre mouvement a été fondé par des femmes et des hommes pionniers de l’écologie politique, actifs dans le travail de terrain et issus de la tradition des femmes et des hommes de sciences visionnaires qui ont anticipé, il y a près de cinquante ans, l’ampleur des destructions et des désordres en cours.
En ce début de XXIème siècle, l’écologie est LA question vitale qui s’impose à l’humanité, celle d’un changement des modes de vie auquel aspirent chaque jour davantage de citoyennes et de citoyens. Si l’espèce humaine possède un pouvoir immense de destruction, nous voulons croire qu’elle est aussi capable de bâtir une nouvelle évolution civilisationnelle, respectueuse de l’humain, du terrestre et de l’ensemble des écosystèmes.
Nous nous adressons à l’ensemble des citoyennes et des citoyens, à la jeunesse comme à toutes les générations, avec pour ambition de construire une majorité culturelle pour l’écologie dans la société et une majorité politique à l’ensemble des échelons de pouvoir, local, national, européen et international.
Génération Écologie est le parti de toutes celles et tous ceux qui défendent le climat, la nature, le vivant, la santé, les solidarités concrètes, les liens humains et tous les biens communs. Nous voulons garantir aux femmes et aux hommes le droit au bien-être et une Terre qui retrouvera sa vitalité et sa beauté.
A l’heure où tout s’accélère, en complément de sa charte de 1990, la présente déclaration de principes énonce le socle du projet politique qui fonde Génération Écologie.
100% ÉCOLOGIE INTÉGRALE
État d’urgence écologique
L’extinction massive et à une vitesse vertigineuse du vivant, les modifications radicales du climat et la dégradation de l’habitabilité de la Terre justifient notre projet politique.
Génération Écologie place à son fondement les connaissances scientifiques qui témoignent de déstabilisations majeures du système Terre résultant des activités humaines.
Les quatre dernières décennies ont été marquées par l’accélération exponentielle de l’épuisement des écosystèmes et par la hausse constante de la concentration atmosphérique en équivalent CO2 entrainant l’explosion du nombre de catastrophes liées au changement climatique. Ces tendances s’amplifient et s’accélèrent. La biodiversité s’effondre à une vitesse vertigineuse. Selon le GIEC, l’humanité dispose de moins d’une décennie pour engager des transformations radicales et rapides pour limiter les impacts du réchauffement climatique. Changement du climat lié aux activités humaines, destruction du vivant, pollutions chimiques des sols, de l’air et de l’eau, pandémies et impacts sur notre santé physique comme mentale… les interactions entre ces dynamiques et les incertitudes qui s’y rattachent constituent une menace existentielle pour l’humanité.
Nous reconnaissons dans ces bouleversements une nouvelle ère à l’échelle des temps géologiques : l’Anthropocène, caractérisé par le fait que l’espèce humaine devient la principale force de transformation de la Terre. Nous déclarons que le dépassement des limites planétaires est porteur de risques d’effondrements, avec des effets systémiques sur les conditions d’habitabilité de notre planète.
Écologie ou barbarie
Pour Génération Écologie, le fondement originel de ces dynamiques destructrices réside dans le déni organisé des limites planétaires, dont six sur neuf sont déjà dépassées.
Pour la première fois depuis dix ans, la faim dans le monde progresse. Le changement climatique exacerbe les risques de conflits qui déstabilisent des régions entières. La course aux ressources stratégiques en prévision de pénuries est également une source d’instabilité et de violences. Ces déstabilisations géopolitiques liées à l’accès aux ressources, mais aussi aux migrations climatiques, sont une machine à fabriquer la peur, la haine et constituent le terreau du fascisme.
Nos sociétés sont placées dans une situation de vulnérabilité accrue, sans précédent ni équivalent historique. Or, face à ces constats, les pouvoirs, à l’échelle internationale, s’enferment dans l’immobilisme, la servilité à l’égard des lobbies ou encore le mythe de la croissance infinie. Ce faisant, ils précipitent eux-mêmes le crash écologique et nourrissent les tentations de replis autoritaires ou nationalistes qui mènent à la barbarie.
Face à cette montée des périls, l’écologie est la seule issue de secours positive pour l’humanité. Son projet est de rectifier la trajectoire pour revenir au respect des limites planétaires en organisant une civilisation humaine harmonieuse. Il est par essence internationaliste, pro-européen et porteur de paix.
Terriens contre Destructeurs
Un nouveau clivage structure la politique dans l’Anthropocène : Terriens contre Destructeurs. L’effondrement de nos conditions d’existence impose une nouvelle grille de lecture politique.
Toutes les visions politiques qui restent prisonnières du mythe de la croissance infinie sont celles des Destructeurs. Elles sont à l’origine de la civilisation thermo-industrielle et d’hyper-consommation qui s’avère destructrice de l’ensemble du vivant et ne conduit plus à améliorer le bien-être humain, avec une explosion des inégalités, sociales comme territoriales, et du mal-être dans une société vide de sens. L’écologie implique donc de rompre avec les idéologies héritées du marxisme et du libéralisme économique, inopérantes pour prendre en compte le nécessaire respect des limites planétaires. Ces matrices, en dépit de leurs oppositions, restent prisonnières du productivisme et placent la croissance du Produit Intérieur Brut au centre de leurs programmes. Or la croissance, qui a toujours été corrélée à la consommation d’énergie et de ressources, est désormais l’indicateur de la vitesse d’effondrement et de destruction de notre habitat, la Terre.
A la nouvelle ère géologique doit donc répondre une nouvelle ère politique : Tous les êtres humains sont appelés à entrer dans la conscience d’être des Terriennes et des Terriens, tenant pour évidence que l’humanité fait partie du vivant, que les humains sont des êtres naturels dont le destin collectif est intimement lié à celui des autres animaux, de l’ensemble du vivant, et à la préservation de l’air, de l’eau, de la fertilité des sols et du climat. Cette conscience, indispensable à l’action pour protéger les conditions d’existence de l’humanité, dessine le nouveau clivage politique. Génération Écologie accueille toutes les personnes qui partagent cette conscience d’être Terriens et Terriennes, que leur prise de conscience soit récente ou ancienne.
L’écologie intégrale démocratique
L’écologie intégrale démocratique consiste à ce que tout choix politique soit fondé, dans tous les domaines, sur et pour l’écologie. Elle place le respect de la Terre et notre interdépendance à la nature au centre des décisions démocratiques. Elle propose une rupture radicale avec tous les programmes et toutes les pensées qui considèrent l’écologie comme un domaine parmi d’autres. Elle associe les sciences et la démocratie. Elle repose sur les principes de réalisme, de responsabilité et de transparence. Elle combat par la non-violence, le droit et la mobilisation citoyenne.
L’écologie intégrale est démocratique, car cette transformation appelle une nouvelle souveraineté des Terriennes et des Terriens pour reprendre le contrôle de notre destinée commune. Elle relie donc la cause démocratique et la cause écologique en une seule.
Le projet de l’écologie intégrale assume la nécessaire décroissance, c’est-à-dire la réduction de la consommation d’énergie et de matières premières. Le productivisme et le consumérisme, basés sur la prédation sans limite des ressources, déshumanisent nos vies quotidiennes, et menacent le lien et la cohésion sociale. La décroissance vise, par la régulation écologique décidée démocratiquement, à rechercher un équilibre entre les nécessités humaines, et les nécessités de la préservation du climat et des écosystèmes. En nous libérant de l’obsession consumériste et des frustrations qu’elle génère, elle est synonyme de plus de partage, plus d’emplois et d’activités de qualité, plus d’éducation, de culture, de santé, de bienveillance et de bien-être. La décroissance permet de réorienter nos priorités vers ce qui donne du sens à la vie humaine : les relations, la fraternité et la sororité, la convivialité, la connaissance, la beauté, la sagesse.
L’écologie pour toutes et pour tous
La réduction de l’empreinte écologique passe par la réduction des inégalités. L’écologie est nécessairement sociale car l’explosion des inégalités et la destruction de la nature sont les deux faces de la même pièce.
Notre projet social repose sur la coopération et le travail, pour une économie sobre en ressources mais riche en intelligence et en savoir-faire matériels et immatériels.
Nous défendons une écologie ancrée au plus près des citoyennes et des citoyens et des territoires pour répondre à leurs préoccupations immédiates : le droit à une vie en bonne santé ; le droit à une alimentation saine sans pesticides, sans additif, produite localement ; le droit à un logement digne ; le droit à une nature préservée ; l’accès de toutes et tous aux biens communs fondamentaux dont nous refusons la marchandisation ; le droit au bien-être par l’éducation, la culture, le renforcement des liens et des solidarités humaines.
100% LAÏQUE
Les sciences, et non les croyances
La République écologique que nous voulons construire est émancipée de toutes croyances, elle fonde ses analyses, réflexions et décisions sur les travaux scientifiques. Elle invite à un nouveau prolongement de la philosophie des Lumières.
A l’heure où les intégrismes sont à l’offensive, la laïcité est la garantie d’un droit humain essentiel : le droit de penser par soi-même. Elle est la condition absolue de la démocratie réelle, car elle apporte la garantie de toute pensée et de toute spiritualité libre. A cet égard, la dimension éthique de l’écologie s’adresse à l’intimité de chacune et chacun.
Pour nous, la laïcité ne constitue pas seulement un principe de séparation entre l’État et les religions, elle est un principe d’émancipation face à l’ingérence de toute religion mais aussi de toute sorte d’influences, quelle qu’en soit la nature, dans la sphère publique.
La République incorruptible
Toute politique d’écologie intégrale requiert un préalable : que la souveraineté de toutes et tous reprenne le contrôle réel de la démocratie. Elle implique un combat sans merci contre les lobbies et la technocratie qui organisent dans les coulisses l’impuissance publique. Elle implique de nouvelles règles à même de garantir une République incorruptible.
Nous ne transigeons pas sur le respect de la morale publique. Nous sommes porteuses et porteurs de la transformation démocratique des institutions et de l’État pour garantir le respect de l’éthique dans l’exercice du pouvoir : probité, exemplarité, séparation stricte entre la décision publique et les intérêts privés.
L’État-Résilience
Les bouleversements en cours obligent à organiser maintenant la résilience, c’est-à-dire la capacité de la société à faire face au choc, à l’absorber et à s’y adapter, pour garantir la continuité et la sécurité de ses fonctions vitales.
La République écologique veut construire l’État-Résilience comme une nouvelle étape de la construction républicaine de la France, dont nous revendiquons l’héritage depuis la Révolution française, en passant par les étapes successives de la construction de la République, et la République sociale issue du programme du Conseil national de la Résistance.
Nous concevons l’État Résilience comme répondant à un enjeu de sécurité nationale pour assurer les fonctions régaliennes face aux enjeux de sécurité civile de la population et pour organiser la prévention et l’adaptation, qui impliquent également une plus grande autonomie des territoires.
L’éco-citoyenneté
Nous faisons le constat d’un dysfonctionnement devenu structurel d’une démocratie limitée au système représentatif. Or, nous devons permettre le débat démocratique et la pleine participation de toutes et tous. Il n’y aura pas de changement écologique sans un élan démocratique puissant.
Un projet d’écologie politique n’a de force que s’il est construit, porté et nourri par, pour et avec des citoyennes et des citoyens. Il se nourrit des compétences et des capacités de toutes et tous. L’éco-citoyenneté place le bien-être humain au cœur du projet politique écologiste. C’est pourquoi notre projet s’ancre dans la conviction que l’éducation et la culture sont de tous les instants. Chacune et chacun éprouve le besoin et le désir d’apprendre, d’évoluer et de s’élever par la connaissance, les émotions et la sensibilité. L’écologie doit conquérir par le cœur, la conviction, la persuasion et non par la contrainte.
100% ÉCOFÉMINISTE
L’écoféminisme politique
Nous sommes écoféministes en ce que nous reconnaissons le lien qui existe entre la domination des femmes par les hommes, c’est-à-dire le patriarcat, et la domination-destruction de la nature par l’espèce humaine. L’écoféminisme vise à l’abolition de toute forme de domination et à la réinvention de notre relation au vivant.
L’écoféminisme est porteur d’une révolution anthropologique qui met fin à la domination sur la nature par l’espèce humaine, autant qu’elle abolit l’infériorisation des femmes en mettant fin au système patriarcal. Il comprend le combat pour rendre effectif l’égal accès des femmes et des hommes à l’éducation, au travail, aux responsabilités politiques, sociales et économiques, familiales, à la souveraineté sur son propre corps, à la liberté de procréer ou de ne pas procréer, en agissant contre toute forme de destruction des libertés humaines fondamentales. Mais son horizon est encore plus vaste en déployant, face aux stéréotypes et à l’idéologie dominante, une bataille culturelle réhabilitant le féminin, les corps, les émotions, et la relation à la nature.
Les forces politiques, idéologiques ou religieuses qui veulent maintenir l’asservissement des femmes, les prisons mentales de leur intériorisation, l’aliénation de leur corps et l’injonction à le cacher, sont et seront toujours des adversaires de l’écologie politique.
L’émancipation de toute forme de domination
L’écoféminisme contient le refus de toute forme de domination ou de discrimination. Il affirme l’unicité du genre humain et l’universalité des droits humains, sans aucune distinction. Il considère la diversité comme une richesse vitale et étend ces principes aux droits de la nature. L’écologie est ainsi par définition antiraciste, antisexiste, antihomophobie, antilesbophobie etc.
L’abolition du présidentialisme
Le patriarcat est aussi inscrit dans l’ADN des institutions de la Vème République héritées d’une culture monarchique, concentrant tous les pouvoirs dans les mains d’un seul.
L’écoféminisme politique n’a pas pour objet de substituer au pouvoir des hommes un pouvoir des femmes, mais vise à transformer radicalement la gouvernance de nos sociétés pour partager le pouvoir avec les citoyennes et les citoyens, et organiser la collégialité dans la décision.
Notre projet est un projet d’écologie intégrale partagée et construite avec toutes celles et tous ceux qui désirent pouvoir continuer à vivre sur Terre dans la paix et la bienveillance, en harmonie avec l’ensemble du vivant. Nous voulons construire une autre manière de vivre, ensemble.