26 janvier 2023
Depuis le 11 septembre 2020, TotalEnergies a engagé un projet climaticide en Ouganda connu sous le nom de Tilenga et EACOP (East Africa Crude Oil Pipeline). EACOP est un gigantesque oléoduc chauffé de pétrole brut, le plus grand du monde, pour transpercer l’Ouganda et la Tanzanie sur 1 443 km. Pas moins de 419 puits de pétrole seront forés en Ouganda pour l’alimenter, c’est le projet Tilenga. Il ampute un site naturel classé de plus de 10% de son territoire : le parc des Murchison Falls, la plus grande réserve forestière du pays, où vivent 144 espèces de mammifères, et plus de 500 espèces d’oiseaux, reptiles, amphibiens. Après sa traversée de l’Ouganda, il longera sur 400 km le lac Victoria pour atteindre l’océan indien en Tanzanie, menaçant cette fois-ci la zone naturelle côtière de mangroves et tout l’écosystème côtier.
Les émission de CO2 de ce projet ont été largement sous-estimés par Total : elles ne prennent en compte que la phase de construction, soit seulement 1,8 % des émissions alors que l’exploitation de ce pétrole libérera 334 millions de tonnes de CO2 par an ! Rappelons que le Groupe III du GIEC dans son résumé pour les décideurs d’avril 2022 prévenait que les nouveaux projets d’extractions d’énergies fossiles, ajoutés aux existants, rendaient impossible la limitation du réchauffement climatique à 2°. Le rapport préconisait de ne plus effectuer de nouveaux forages, et désormais, de garder les énergies « dans le sol ».
Génération Écologie dénonce ce projet destructeur, tant pour son impact sur les espaces naturels que sur les populations locales qui se voient déjà expropriées, déplacées, et dont les droits humains sont violés. Les conditions de vie, mais aussi les libertés les plus élémentaires, sont considérablement menacées.
Génération Écologie dénonce la responsabilité de l’État et des banques françaises dans cette bombe climatique : 28% des actionnaires de TotalEnergies sont français, dont 15% détenus par l’État. Sans la complicité des banques françaises, les projets de Total ne pourraient pas avancer : BNP, Crédit Agricole, Société Générale. Après avoir affirmé qu’elles ne financeraient pas ce projet, elles ont accordé un “chèque en blanc” de 8 milliards d’euros à Total pour “besoins généraux de financement”. Ne soyons pas dupes de ce tour de passe-passe.
Pire, comme l’a dénoncé Delphine Batho dans sa demande de création d’une commission d’enquête parlementaire, ce projet climaticide fait l’objet d’un soutien actif d’Emmanuel Macron qui avait écrit à son homologue Yoweri Museveni que « l’exploitation et l’exportation du pétrole » sera « une opportunité majeure d’intensifier le commerce entre nos deux pays et de développer davantage notre coopération ». De même, des déclarations officielles de l’Ambassadeur de France en Ouganda proclament « l’engagement de la France à accompagner l’Ouganda dans le développement du secteur du pétrole et du gaz ». Le Président de la République a donc menti lorsqu’il affirmait, à la télévision le 12 octobre dernier, que « la France ne soutient pas » le projet de Total en Ouganda. Si celui-ci n’a pas bénéficié de financement directs de l’État (que la loi n’autorise plus), contrairement aux activités de Total dans la Russie de Poutine, toute la diplomatie française est bel et bien mobilisée en soutien à ce projet destructeur.
Génération Écologie soutient la campagne #StopEACOP et le combat international, relayé notamment par 350.org et les Amis de la Terre, afin d’obtenir l’abandon de ce projet climaticide, tout comme nous soutenons le combat judiciaire engagé contre Total pour non-respect de son « devoir de vigilance ». L’adoption d’une résolution du Parlement européen dénonçant les violations des droits humains et les risques majeurs pour l’environnement et le climat causés par les projets Tilenga et EACOP de Total en Ouganda et en Tanzanie doit conduire la France à combattre ce projet au lieu de le soutenir.
Anne-Laure Bedu, Cécile Faure, Nina Géron et Fanny Verrax