13 février 2023
Sans arbre les villes sont et seront invivables. Telle est la conclusion de l’étude importante récemment publiée dans « The Lancet ». L’auteure principale est Tamara Lungman, chercheuse à l’Institute for Global Health de Barcelone. Elle s’est penchée sur le taux de mortalité dans 93 villes d’Europe au cours de l’été 2015. Elle démontre que, sur 6 700 décès prématurés attribués au réchauffement des températures, un tiers pourrait être évité si la couverture végétale des villes atteignait 30% de leur surface. En moyenne, elle atteint seulement 14,9% actuellement. Rappelons qu’en 2022, les trois épisodes de canicule ont fait 2 826 morts en France selon Santé Publique France. Pour sa part, l’INSEE a indiqué que la canicule a été « vraisemblablement » à l’origine de plus de 11 000 décès supplémentaires cet été. Enfin, en Europe, la surmortalité liée aux vagues de chaleur aurait fait 15 000 victimes selon l’Organisation mondiale de la santé.
Quelques soient les évaluations, le réchauffement climatique tue. Et ce n’est que le début. Ses impacts sont aggravés dans les espaces artificialisés et par les immenses îlots de chaleur que constituent les zones urbaines. Les villes qui ne mettent pas le végétal au coeur de leur politique d’aménagement risques de devenir invivables.
Or de trop nombreuses municipalités voient l’arbre comme un simple mobilier urbain, un élément de décor, qui peut être abattu sur simple décision, et ce parfois en dépit d’une protection légale (espaces boisés classés, protection des alignements d’arbres…).
Afin de contrebalancer ces politiques destructrices et mortifères, des collectifs citoyens se créent partout et se multiplient depuis quelques années. Aux côtés des associations de protection de l’environnement, ils s’opposent à des projets d’un autre temps qui diminuent chaque jour un peu plus la résilience de nos villes. À Gien, Chartres, Pau, Montreuil, Tours… des actions ont ainsi été menées, parfois avec succès.
Aujourd’hui, membres de la commission Arbres de Génération Écologie, nous appelons les élues et les élus, les citoyennes et les citoyens à s’emparer de ce sujet de santé publique, à réclamer l’arrêt complet des projets d’abattage d’arbres lorsqu’ils ne représentent aucun danger, mais aussi à encourager la plantation d’essences résilientes qui viendront compenser la mort programmée des arbres menacés par le changement climatique.
En cette période où notre survie est en jeu face au réchauffement climatique, où l’organisation de notre résilience déterminera nos conditions de vies futures, sauver des arbres c’est sauver des vies.
Cécile Faure et Claire Picard, pour la commission Arbres de Génération Écologie