A69 : l’État de droit et l’écologie victimes des manœuvres parlementaires 

03 juin 2025

Populistes d’extrême-droite, populistes libéraux et populistes de gauche, ils sont tous d’accord sur une chose : l’environnement est la variable d’ajustement de leurs postures. 

Quand le bloc central, la droite et l’extrême droite votent pour la motion de rejet pour réintroduire le poison des néonicotinoïdes, c’est pour satisfaire les grandes firmes de l’agrochimie et un coup de force contre la démocratie.  

Quand les mêmes et LFI votent ensemble pour supprimer le dispositif, certes notoirement imparfait, des zones à faibles émissions sans proposer la moindre alternative pour lutter contre la pollution de l’air qui fait des milliers de victimes chaque année, c’est pour défendre la civilisation de la bagnole. 

Mais le comble a eu lieu ce lundi quand la gauche se prend les pieds dans le tapis d’une motion de rejet déposée par LFI contre la proposition de loi sur l’A69, aussitôt instrumentalisée par les promoteurs de ce texte qui attaque frontalement l’État de droit pour rendre coûte que coûte légaux les travaux de l’autoroute qui avaient été suspendus un temps par la justice. Et voilà la motion de rejet votée à l’unanimité ! C’est ballot alors que son effet concret est une accélération de la procédure parlementaire sur la base du texte adopté par le Sénat. Comprenne qui pourra… 

Ces épisodes ont au moins le mérite de clarifier le paysage : tandis qu’un vent de Trumpisme anti-écologie s’empare de l’Assemblée nationale, les défenseurs de la nature ne doivent compter que sur eux-mêmes. Sans une force politique écologiste suffisamment solide sur le fond et puissante pour peser, les autres formations politiques, toutes absorbées par leurs calculs et coups de billards à trois bandes, ne s’embarrassent même plus de greenwashing et autre « bifurcation ». 

Pourtant dans notre pays une forte majorité de citoyennes et de citoyens attendent autre chose et sont très lucides sur l’urgence écologique. La route est claire : la décroissance plutôt que le chaos climatique, la justice sociale plutôt que l’indifférence et l’État-résilience comme nouvelle étape de la construction Républicaine. Nous avons tout à gagner à la clarté, loin des manœuvres qui vont finir par tuer la démocratie. 

Cécile FAURE