L’écologie réelle : nationalement aussi les écologistes peuvent peser
TRIBUNE - "Après trois ans de mandat, le temps est venu de valoriser de la même façon le travail réalisé par les écologistes au Parlement, en lien avec le gouvernement, depuis juin 2012. L’écologie réelle est aussi là".
Contre ceux qui, chez les écologistes, valorisent les bilans locaux mais critiquent les trois premières années de législature Hollande, ces parlementaires EELV- Placé, De Rugy, Pompili, Baupin, Alauzet - répondent.
Dans une récente tribune, des collègues élu-e-s écologistes dressent une liste intéressante de réalisations écologistes, mises en œuvre dans des collectivités locales. Toutes les réalisations citées ont été négociées, votées et mises en œuvre dans des majorités de gauche associant notamment écologistes et socialistes. Elles ont même parfois été rendues possibles grâce à des décisions prises au Parlement comme pour le Pass Navigo unique.
Après 3 ans de mandat, le temps est venu de valoriser de la même façon le travail réalisé par les écologistes au Parlement, en lien avec le gouvernement, depuis juin 2012. L’écologie réelle est aussi là.
La reconnaissance de la santé environnementale, le retrait progressif de la commercialisation des produits chimiques les plus toxiques, l’adoption du principe de sobriété sur les ondes électromagnétiques, la reconnaissance des lanceurs d’alerte : c’est l’écologie réelle!
L’instauration d’une taxe de 2 centimes par litre de gas-oil notamment pour les camions, qui financera les infrastructures de transports en substitution de feu la taxe poids-lourds, c’est l’écologie réelle!
L’identification des véhicules les plus polluants, les avantages de circulation et de stationnement réservés aux véhicules les plus sobres et propres, avec au moins 3 passagers, l’aide à la conversion des vieux véhicules diesel en véhicules plus propres, neufs ou d’occasion, le rééquilibrage en cours (enfin!) de la fiscalité sur le diesel et sur l’essence, le programme de recherche industrielle sur le véhicule à 2 litres aux 100. La motorisation diesel des petites véhicules qui s’éteint progressivement sous le poids des normes anti pollution, les véhicules diesel qui se vendent moins alors que les véhicules à essence intéressent nos concitoyens : c’est l’écologie réelle!
La mise en place d’une commission chargée d’évaluer le coût de la pollution de l’air, la création d un "comité de suivi amiante", c’est l’écologie réelle!
La mise en œuvre de la contribution climat énergie, abandonnée par Nicolas Sarkozy, qui va monter en charge progressivement (de 400 millions d’euros en 2014 à 4 milliards en 2016) ou l'accueil par la France de la COP 2015 pour lutter contre le changement climatique, le crédit d’impôts pour la transition énergétique, qui finance à 30% les travaux d’isolation des logements, l’accroissement des aides de l’agence nationale d'amélioration de l’habitat contre la précarité énergétique, l’appui à la création de sociétés de tiers-investissement, c’est l’écologie réelle!
La loi sur la biodiversité, l’interdiction des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles, l’agroécologie, le développement des surfaces de production biologique, la suppression de l’usage des pesticides en ville, c’est l’écologie réelle!
La transparence des activités des banques dans les paradis fiscaux, le Fonds de résolution unique pour mettre le contribuable et l’épargnant à l’abri des crises bancaires, le vote double pour les actionnaires de long terme dans les entreprises pour lutter contre la spéculation et le financement par la lutte contre l’évasion fiscale de la baisse des impôts pour 9 millions de ménages cette année, c’est l’écologie réelle!
La définition de nouveaux indicateurs de richesse pour mieux évaluer les effets des politiques publiques et acter la décision lucide du gouvernement de repousser de 2013 à 2017 l’objectif de 3% de déficit, la lutte contre l'obsolescence programmée et le développement de l'économie circulaire, c’est l’écologie réelle!
«Ces progrès sont-ils suffisants? Évidemment non. Mais sont-ils négligeables? Pas plus.»
Un nouveau modèle énergétique, qui refuse toute exploration et toute exploitation des gaz de schiste, qui fixe pour objectifs le facteur 4 en matière de gaz à effet de serre, la division par deux des consommations énergétiques, le développement du renouvelable, qui plafonne à 50% la production nucléaire en 2025, le tout enfin gravé dans la loi, c’est l’écologie réelle!
La vérité enfin établie sur l’ensemble des coûts du nucléaire, le plafonnement de la puissance autorisée – moyen de garantir une fermeture de Fessenheim dans la mandature – l’encadrement enfin instauré des conditions de prolongation de réacteurs, les combats remportés pour que le projet CIGEO d'enfouissement des déchets nucléaires ne soit pas instauré au détour de textes de lois, c’est l’écologie réelle!
Ces progrès – et nous pourrions en citer des dizaines d’autres dans les champs de l’économie, des droits sociaux et de nombreux domaines comme l’éducation (rythmes scolaires, re fondation de l'école, formation des enseignants, réforme du collège) sont-ils suffisants? Évidemment non. Mais sont-ils négligeables? Pas plus.
«La responsabilité des écologistes c'est de s'adresser au plus grand nombre en démontrant, par l’exemple, que l’écologie apporte des réponses concrètes à la crise.»
Nous rencontrons bien entendu des échecs et des frustrations dans notre travail parlementaire. Nous regrettons souvent, comme nos collègues des collectivités locales, que les progrès engrangés soient parfois ralentis du fait de décisions incohérentes. Tout écologiste en action sait les résistances, la force des habitudes, la volonté des lobbies qui n’aiment jamais tant les écologistes que lorsqu’ils s’enferment dans le rôle de spectateurs aussi contestataires qu'impuissants.
La responsabilité des écologistes c'est de s'adresser au plus grand nombre en démontrant, par l’exemple, que l’écologie apporte des réponses concrètes à la crise.
La responsabilité des écologistes, c’est d’être lucides sur les difficultés des entreprises dans la mondialisation et devant la situation politique de la France et la montée des extrêmes et d’en tirer les conséquences en refusant le bashing permanent d’un gouvernement avec lequel, par ailleurs, nous concluons régulièrement des compromis qui permettent les avancées citées plus haut.
Oui, soyons positifs. Mettons en exergue toutes ces avancées négociées, tous les progrès accomplis. Fixons des objectifs ambitieux mais réalistes et prenons nos responsabilités. Même quand c’est difficile. Précisément parce que c’est difficile.
Eric Alauzet, Denis Baupin–Brigitte Allain, Aline Archimbaud, Corinne Bouchoux, Marie-Pierre Bresson, Jean Desessard, Joël Labbé, François-Michel Lambert, Eric Loiselet, Jean-Vincent Placé, François de Rugy et Barbara Pompili
Rédaction - leJDD.fr