15 mars : Non, il n’y a pas mieux à faire que de sécher les cours !

13 mars 2019

Le billet de Estelle Narbonne et Eric Poujade

« Puisque nos leaders se comportent comme des enfants, nous sommes obligés d’assumer la responsabilité qu’ils auraient dû endosser il y a bien longtemps ». Le message de Greta Thunberg n’est-il pas suffisamment limpide ? Pourtant, face à leurs cris de détresse et d’indignation, à la démonstration de leur lucidité, à l’exemplarité de leur sens des responsabilités, à la détermination de leurs appels à s’engager pour l’avenir de l’Humanité, que répond à la jeunesse notre gouvernement, par la voix de son ministre de l’éducation et de la jeunesse ? Qu’ « il y a mieux à faire » que de sécher les cours !

L’injonction ministérielle d’organiser des débats dans les établissements, précisément le jour où de nombreuses manifestations pacifistes sont prévues partout dans le monde, a de quoi laisser perplexe. Surdité, ignorance ou incompétence nos dirigeants ? Ou les trois à la fois ?

Alors que l’urgence écologique est là, que la demande de réponses aux questions n’a jamais été aussi forte au sein de de la jeunesse de notre pays, rien ! Ou très peu ! L’écologie devrait être le cœur de nos enseignements ! Malheureusement, les programmes ne proposent que du saupoudrage, des mentions au développement durable – notion erronée et totalement dépassée – alors même que nous n’avons plus de temps, demeure la seule proposition officielle de l’Éducation Nationale pour sauver nos conditions d’existence. Pire, ces enjeux sont souvent abordés en affirmant que le système productiviste apportera les solutions aux destructions qu’il génère. Erreur. Il y a urgence !

Partout dans les établissements scolaires des actions pédagogiques locales fleurissent. C’est bien ! Mais ce n’est pas assez ! Ces actions ne reposent en effet que sur la bonne volonté des quelques élèves et le volontariat de certains enseignants. Il nous reste douze ans pour éviter de franchir le cap des 2 degrés. Comment le ferons-nous si partout dans nos écoles, nos collèges et nos lycées nous ne proposons pas à nos élèves des connaissances solides et des réflexions de fond sur l’avenir écologique de nos sociétés humaines ?

L’ambition à la hauteur de l’urgence de la situation et des attentes de la jeunesse d’aujourd’hui et de demain est de mettre l’écologie, la science et l’empowerment au centre de la formation des citoyens de demain, de la maternelle aux plus hautes écoles, de la voie générale et technologie à la voie professionnelle en passant par l’apprentissage ou la formation pour adultes. De nombreux nouveaux métiers se créent et se créeront dans des branches aussi variées que le numérique, les énergies renouvelables, les services à la personne, l’éco-conception, l’agroécologie, la formation, etc.

Nous interpellons notre gouvernement et lui demandons de répondre à l’appel de la jeunesse de France, d’Europe et du monde ! Nous lui demandons de protéger et d’assurer le bon déroulement de la manifestation du 15 mars sans aucune espèce d’entrave ni de récupération! Oui, monsieur le Ministre, au lieu de chercher à retenir la jeunesse entre des murs qui les privent d’agir pour leur avenir (et le nôtre), accompagnons-les dans les rues, dans leurs projets, à l’école buissonnière de la vie !