Plan de soutien à la filière aéronautique : 15 milliards de perdus pour le climat

09 juin 2020

Alors que le trafic aérien double tous les 10 ans, les mesures annoncées par le gouvernement en soutien au secteur aéronautique ne sont ni réalistes, ni souhaitables.

Les 15 milliards d’euros d’aides de l’Etat sont une fuite en avant dans le maintien à bout de bras de la filière aéronautique alors qu’il faut organiser sa décroissance. Faute d’être anticipée et organisée, celle-ci risque de s’imposer au secteur qui continue à faire preuve d’aveuglement en misant sur une reprise à l’identique puis le doublement du trafic passager dans les prochaines années.

Le plan annoncé aujourd’hui vise principalement à préserver des emplois à court terme. Aucune stratégie sérieuse de transformation industrielle et de résilience face au changement climatique n’est présentée. La reconversion des savoir-faire de l’industrie aéronautique est pourtant un enjeu fondamental pour la France, qui occupe le deuxième rang mondial dans ce secteur représentant le plus gros coefficient multiplicateur dans l’emploi en France. 

Aucune contrepartie écologique sérieuse aux aides de l’Etat n’a été fixée. Quant aux projections sur un futur avion « zéro émission » misant sur l’hydrogène, elles relèvent d’un bluff technologique entretenant l’illusion que l’augmentation du trafic aérien pourrait se poursuivre. Or, si elle est nécessaire, l’amélioration de l’efficacité énergétique des avions ne peut tenir lieu de stratégie face au changement climatique. Les temps de recherche, de développement et de certification pour développer un tel avion sont bien supérieurs à l’horizon 2035 annoncé par le gouvernement. De telles perspectives ne sont donc envisageables qu’après avoir remis en cause l’augmentation et les très bas coûts du trafic aérien – c’est-à-dire après avoir organisé sa sobriété. Elle passe par des mesures fortes : suppression des liaisons aériennes inutiles, restriction des programmes de fidélité encourageant le recours à l’avion, réglementation de la publicité, quota individuel carbone dont la diminution serait planifiée dans le temps, mesures fiscales, investissement massif dans la diversification et les reconversions industrielles.

Génération Ecologie regrette que le gouvernement n’ait pas saisi que la France dispose d’une occasion historique pour transformer en profondeur cette industrie en mobilisant les aides de l’Etat au service de la transformation écologique, de la réduction de notre dépendance aux énergies fossiles, et de la reconversion des emplois.