19 juin 2020
La Journée mondiale des Réfugiés du 20 juin doit être l’occasion de mettre l’accent sur le drame vécu par les réfugiés climatiques dans le monde, notamment là où, souvent dans leurs propres pays (Inde, Sud-Est asiatique, Amérique du Sud, Sahel), les populations doivent migrer face à l’augmentation des températures qui rendent les conditions de culture et la vie tout simplement impossibles.
Génération Ecologie rappelle à quel point l’accélération du changement climatique est une machine à fabriquer des millions de réfugiés, obligeant à des mouvements massifs de population du fait de la perte de ressources vitales (alimentation, eau) et de l’abandon de territoires entiers devenus inhabitables.
Le nombre de réfugiés liés au réchauffement climatique a fortement augmenté ces trente dernières années, favorisant les conflits armés. Le nombre de personnes déplacées sous le coup de phénomènes climatiques extrêmes était déjà estimé à 18,9 millions en 2015 par the « Internal Displacement Monitoring Centre » (IDMC). Il pourrait dépasser, selon les estimations et les sources, entre 250 millions et 1 milliard de personnes à l’échelle de la planète d’ici 2050. Selon la Banque mondiale, au moins 143 millions d’entre eux devraient être originaires d’Afrique sub-saharienne, d’Asie du sud-est et d’Amérique latine.
Ces réalités doivent conduire les institutions internationales protectrices des droits humains à réviser de toute urgence leur approche des distinctions opérées entre catégories de réfugiés, politiques ou économiques, qui sont devenues obsolètes. Force est de constater que, dans les parcours migratoires, les causes climatiques, économiques et politiques des déplacements se conjuguent et s’additionnent désormais.
Génération Ecologie soutient la recommandation du comité des Droits de l’Homme de l’ONU de janvier 2020 afin que le changement climatique soit désormais pris en compte dans l’examen des demandes d’asile. Selon le Haut Commissariat aux Réfugiés, de ce fait, « les personnes qui fuient les effets du changement climatique et des catastrophes naturelles ne devraient pas être renvoyées dans leur pays d’origine si leurs droits humains fondamentaux s’en trouvaient menacés ». Nous demandons à la France à tous les Etats membres de l’Union Européenne d’appliquer cette décision historique.
Au niveau européen, la France doit agir pour une réforme de la procédure de Dublin III afin de laisser à tous les demandeurs d’asile accueillis sur le territoire européen la liberté de choisir leur pays d’accueil. A ce jour, le règlement, signé en 2013 entre les pays membres de l’Union européenne, ainsi que la Suisse, l’Islande, la Norvège et le Liechtenstein, délègue la responsabilité de l’examen de la demande d’asile d’un réfugié, hors regroupement familial, au premier pays qui l’a accueilli. En partie responsable de la crise migratoire de 2015, cette procédure que nous considérons inégalitaire pour les principaux pays d’entrée tels que la Grèce et l’Italie doit être profondément réformée.
Henri Malosse