Le Président de la République reprend (presque) toutes les propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat, mais ne change pas de vision du monde.

29 juin 2020

La vague verte a contraint l’exécutif à aller beaucoup plus loin et à prendre des décisions pour l’écologie. C’est une preuve supplémentaire de l’efficacité du vote écologiste et de son nouveau poids dans la vie politique du pays.

Que l’ensemble des propositions de la Convention Citoyenne fasse l’objet d’un projet de loi spécifique avant la fin de l’été est une bonne chose.

Parmi les propositions de la Convention les plus significatives, nous notons avec satisfaction que l’exécutif ne s’oppose plus à l’obligation de travaux pour la rénovation thermique des logements, ni à l’instauration du moratoire sur les nouvelles surfaces commerciales telles que les entrepôts Amazon. Chaque proposition qui avance est une bonne nouvelle pour les écologistes et nous sommes prêts à travailler à leur concrétisation.

En revanche, les moyens ne sont pas réellement à la hauteur des circonstances historiques dans un contexte où des marges de manœuvre budgétaire inédites sont ouvertes par la suspension du Pacte de stabilité. Alors que 15 milliards d’euros sur deux ans sont affichés pour un fonds de transformation écologique, ce montant doit être comparé aux 23 milliards déjà annoncés par le gouvernement pour les plans de soutien aux secteurs aérien et automobile, fortement émetteurs de gaz à effet de serre…

Enfin et hélas, le Président de la République a développé dans son discours une vision du monde erronée, celle qui considère comme compatible la croissance économique, prise comme une fin en soi, et l’écologie. Il s’agit d’une croyance largement démentie par la science. L’augmentation du PIB est en effet inséparable de l’augmentation de la consommation d’énergie fossile et de matière. Oui, à l’heure de l’urgence écologique ces consommations doivent décroître, tandis que d’autres doivent augmenter (les liens humains, la culture, le train…). Contrairement à ce qu’a laissé entendre Emmanuel Macron, rompre avec le consumérisme et le productivisme ne signifie pas moins de travail, bien au contraire !

L’intention de « réconcilier écologie et économie » aboutit une nouvelle fois à des décisions néfastes pour le climat et la biodiversité. A ce titre, le rejet des demandes de la Convention Citoyenne concernant la non-ratification du CETA, l’inscription du respect de la nature dans le Préambule de la Constitution et la taxe sur les dividendes sont bien plus significatives que de simples « jokers ».

Delphine Batho, Présidente de Génération Ecologie