5G : la mobilisation continue

21 avril 2021

Ça y est, l’ANSES a publié son tant attendu rapport « Expositions aux champs électromagnétiques liées au déploiement de la technologie de communication « 5G » et effets sanitaires éventuels associés« . Le gouvernement, s’est empressé de publier un communiqué indiquant que ce rapport « conforte [ses] choix sur le déploiement de la 5G ».

Pour nous écologistes, ce rapport ne change rien. 

D’abord parce que, bien que le gouvernement ait tout fait pour le dissimuler, nos premières préoccupations sont avant tout environnementales et sociétales. L’ANSES le rappelle d’ailleurs longuement dans son rapport, concluant page 58 que les « différentes propriétés » de la 5G « prennent place dans les débats comme autant de sources de préoccupation sur le plan sanitaire, environnemental, social et politique ». 

Ensuite, parce que les conclusions de ce rapport sur le volet sanitaire étaient largement prévisibles.

La 5G : un désastre environnemental annoncé 

La 5G, c’est un réseau de télécommunication permettant d’augmenter significativement les débits : échanger plus de données numériques en des temps plus courts. C’est aussi le réseau qui doit permettre l’avènement de l’Internet des Objets (IoT – Internet of Things), c’est-à-dire l’explosion de la production et de l’utilisation d’objets connectés : depuis la caméra de surveillance en passant par la voiture connectée, le drone, ou encore le décapsuleur qui envoie une notification à vos amis lorsque vous ouvrez une bière.

L’explosion des usages numériques (consommation de données et d’objets connectés) qui doit donc accompagner le déploiement du réseau 5G, ce n’est pas une lubie d’écologistes. C’est ce dont les opérateurs ont besoin pour rentabiliser leurs investissements, c’est ce que le gouvernement espère pour la relance économique. 

Ce qui signifie, à l’heure de l’urgence climatique, de l’effondrement de la biodiversité et de la raréfaction des ressources naturelles, que le gouvernement pousse pour une technologie qui amène avec elle une consommation accrue de ressources minières, une production accrue de déchets (en grande partie non recyclables), et une explosion de la consommation de données et donc d’énergie.

Déployer la 5G, c’est encore une fois sacrifier l’environnement et le Vivant sur l’autel de la croissance et d’un prétendu progrès.

L’avènement d’un monde déshumanisé

Déployer la 5G, c’est aussi appeler de ses vœux l’avènement d’un monde numérique sans en avoir interrogé la pertinence, l’utilité, l’humanité. 

Voulons-nous vraiment multiplier les caméras de surveillance dans nos rues, et réduire ainsi les citoyens au statut d’hypothétiques coupables devant être surveillés en permanence ?

Voulons-nous vraiment que chacun de nos gestes du quotidien soit scruté, enregistré, analysé par des géants du numérique tels que les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft), dans le but de revendre ces informations à des tiers ou de nous inciter à consommer des produits supposés répondre à nos habitudes ?

Voulons-nous vraiment que notre vie soit régulée, optimisée, accélérée par toujours plus d’outils numériques, nous ôtant libre arbitre, lien humain et sensibilité ?

Voulons-nous vraiment que le sifflement des drônes remplace le chant des oiseaux ?

En avons-nous besoin ? En avons-nous envie ? Pouvons-nous nous le permettre vu l’état de notre planète ?

Alors même que de nombreux élus locaux appelaient à mettre ces questions sur la place publique à l’automne dernier, le gouvernement les a ignorés et a préféré passer en force en autorisant le déploiement du réseau 5G. 

Une technique de décrédibilisation qui ne trompe personne

Le gouvernement, confiant dans le fait qu’aucun rapport ne pourrait le mettre en difficulté sur les éventuels risques sanitaires, s’est bien gardé d’évoquer ces inquiétudes environnementales et a mis dans le même sac tous les opposants à la 5G : Amish anti-progrès, obscurantistes croyant à tort que cette technologie était dangereuse pour la santé. Il n’a d’ailleurs pas jugé utile d’attendre la publication du rapport de l’ANSES pour autoriser la mise en service de la 5G.

Car en effet, s’il peut être aisé de démontrer l’existence de risques sanitaires lorsqu’il y en a, démontrer la parfaite innocuité d’une technologie sur la santé humaine, c’est impossible. Tout au plus l’ANSES a-t-elle pu conclure à « des risques sanitaires nouveaux peu probables », ce qui est suffisant pour rassurer tout le monde, et qui était largement prévisible. Le gouvernement ne s’appesantit pas sur toutes les précautions de langage de l’ANSES et le fait que l’absence de preuve d’un risque n’est pas la preuve de l’absence de risque…

Gageons que dans les prochains jours, nos ministres diront que le dernier rempart pouvant justifier une résistance à la 5G vient de tomber. Nous avons montré plus haut que ce n’est pas le cas. Notre mobilisation continuera.

Bertrand MAES, adjoint au Maire de Lyon en charge de l’administration générale, du numérique et de la relation avec les mairies d’arrondissement, membre de Génération Écologie.