21 mai 2021
L’Agence Internationale de l’Énergie affirme pour la première fois que l’objectif doit être celui du zéro émission nette dans son rapport publié le 18 mai “Net zero by 2050 – a Roadmap for the Global Energy Sector”.
Le secteur de l’énergie est aujourd’hui responsable des trois quarts des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Ce rapport, rédigé à la demande de la présidence de la conférence mondiale sur le climat (COP 26), doit permettre de préparer les négociations prévues en novembre en Ecosse.
Pas de zéro émission nette sans trajectoire ambitieuse :
“Nous avons réalisé ce rapport pour montrer aux décideurs que le secteur de l’énergie doit réaliser une transformation totale d’ici à 2050. Car, jusqu’ici, beaucoup d’entre eux l’ont mal compris.” selon Fatih Birol, le directeur exécutif de l’Agence Internationale de l’Énergie.
Pour atteindre l’objectif Zéro émission nette, la demande mondiale d’énergie en 2050 doit avoir diminué de 8%, alors que la population mondiale continuera de croître fortement (+2 Milliards d’ici à 2050) et que l’économie mondiale pourra être le double de celle d’aujourd’hui. Le zéro émission nette passe par la sobriété énergétique et une efficacité énergétique améliorée de 4 % par an d’ici 2030 selon l’Agence Internationale de l’Énergie.
Une transformation du mix énergétique mondial doit être engagée. Selon l’Agence Internationale de l’Énergie, alors que la demande d’électricité devrait plus que doubler, la part des renouvelables dans la production d’énergie doit être multiplié par huit par rapport à aujourd’hui, passant de 29 % de la production totale d’électricité en 2020 à 90 % en 2050. Les 10% restants seraient issus du nucléaire ou du développement de nouvelles technologies comme l’hydrogène. L’Agence Internationale de l’Énergie appelle ainsi à un déploiement « immédiat et massif » de toutes les sources d’énergies propres.
Les énergies fossiles doivent rester dans le passé. Pour atteindre l’objectif zéro émission nette, le recours au charbon doit chuter de 90 % et celui au pétrole de 75 %. Pour la première fois, l’Agence Internationale de l’Énergie appelle à tourner la page des énergies fossiles en cessant les investissements dans ces énergies dès 2021. Cet objectif rejoint les discours des associations de défense de l’environnement qui, dès 2015, demandaient la fin de ces investissements.
« Les principaux piliers de la décarbonation du système énergétique mondial sont l’efficacité énergétique, les changements de comportement, l’électrification, les renouvelables, l’hydrogène et les carburants à base d’hydrogène, les bioénergies et la capture et le stockage de carbone » – Extrait du rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie : “Net zero by 2050” – mai 2021
Au delà des objectifs, les propositions concrètes :
Une telle réorganisation du mix énergétique mondial impose des investissements massifs dans les énergies propres. L’Agence Internationale de l’Énergie estime que 5 000 milliards de dollars par an d’ici 2030 sont nécessaires. Fatih Birol, président de l’Agence Internationale de l’Énergie précise que « La transition doit être juste et inclusive, ne laissant personne de côté. Nous devons veiller à ce que les économies en développement reçoivent le financement et le savoir-faire technologique dont elles ont besoin pour développer leurs systèmes énergétiques afin de répondre aux besoins de leurs populations et économies en expansion de manière durable ».
Au-delà des investissements financiers, ce sont nos modes de vie et usages individuels et collectifs que nous devons faire évoluer. L’Agence Internationale de l’Énergie cite par exemple l’utilisation du train en remplacement de l’avion sur les vols locaux, la réduction de la vitesse sur autoroute à 100 km/h, le plafonnement des voyages d’affaires et vols de longue durée à leur niveau de 2019, l’augmentation de la collecte et du traitement des déchets plastiques, la limitation des températures de chauffage à 19-20°C et des température de climatisation à 24-25°C, la prolongation de 20% de la durée de vie des bâtiments etc.
Ainsi donc il y a désormais des « Amish » même à l’Agence Internationale de l’Énergie ! C’est un nouveau signal d’alerte pour toutes et tous les responsables politiques quant à l’urgence de d’atteindre le zéro émission nette pour pallier les changements climatiques profonds. La prise de conscience n’est qu’une première étape mais elle est indispensable pour aller pleinement vers le zéro émission nette et une société écologique intégrale. Les enjeux écologiques de préservation du vivant nous imposent le respect des limites planétaires. Il est venu le temps des actes forts et ambitieux.
Nina Géron