Une COP26 pour (presque) rien

13 novembre 2021

Le Royaume-Uni voulait un accord, il l’aura obtenu, mais pour quelle efficacité pour le climat ? De recul en recul, c’est en effet un accord a minima qui a été conclu aujourd’hui. Son contenu ne permettra pas de limiter le réchauffement global à 1,5°C, ni même de rester en dessous des 2°C. Et encore faudrait-il que les engagements pris soient tenus, alors que de tous les pays signataires, seule la Gambie respecte l’Accord de Paris.

Même pas la France donc, qui, à Glasgow, a été acculée à rejoindre la coalition de pays volontaires appelant a mettre fin aux subventions publiques aux énergies fossiles à l’étranger d’ici 2022… pendant que, « en même temps », le gouvernement et la majorité refusait à l’Assemblée nationale les amendements qui proposaient d’inscrire cette interdiction dans la loi.

Sur les énergies fossiles, justement, on voit bien comment la volonté de trouver un accord à tout prix a abouti à affaiblir profondément les intentions de départ. Même pour le charbon, il n’est plus question d’en « sortir » mais seulement de le « réduire ». Ces éléments de langage sont surréalistes. 

Cette COP fut surtout une insulte aux pays du Sud les plus pauvres qui subissent de plein fouet les effets du réchauffement climatique. Les pays du G20 sont responsables de 80% des émissions de gaz à effet de serre. A Copenhague en 2009, les pays riches s’étaient engagés à financer l’adaptation à hauteur de 100 Md $. Promesse non tenue qu’ils s’engagent désormais à tenir pour…2025. Rien de concret non plus pour la reconnaissance des pertes et dommages des pays qui risquent d’être rayés de la carte et doivent se contenter d’une promesse de dialogue sur la question !

Alors que nous sommes dans une situation d’urgence climatique absolue, après un été 2021 marqué par les dômes de chaleur, les méga-feux, les inondations, la communauté internationale n’est pas au rendez-vous de l’histoire et fait passer l’obsession pour la croissance économique avant la sécurité de l’humanité et la défense du vivant.

Enfin, cette COP marque un affaiblissement sans précédent du rôle de la France dans les négociations internationales pour le climat. Le pays de l’Accord de Paris qui aurait pu, à Glasgow, jouer un rôle moteur pour un accord ambitieux, s’est discrédité en n’étant pas en pointe pour la sortie des énergies fossiles et en prenant position contre la reconnaissance des pertes et dommages des pays pauvres. Le gouvernement a préféré encore une fois écouter les lobbys plutôt que les scientifiques.

S’il y a une conclusion politique à tirer de cette COP, c’est que les gouvernements actuels sont incapables d’être à la hauteur des exigences de la jeunesse et de la société civile, et qu’il est temps qu’ils soient remplacés. Les écologistes sont prêts à prendre les commandes !

Hubert Julien-Laferrière, Député du Rhône, porte-parole de Génération Écologie