15 décembre 2021
Peut-on imaginer un seul instant qu’avec le dépassement des 1,5 degrés de réchauffement climatique global dès 2027, c’est-à-dire demain, on ne propose pas au premier tour de l’élection présidentielle un bulletin de vote écologiste ? Non, car contrairement à la porte-parole du Parti socialiste qui estimait que « l’écologie n’est pas en soi un projet », nous affirmons haut et fort l’impératif d’un véritable projet écologiste pour le climat, pour le vivant, pour le respect de la biodiversité, pour en finir avec le productivisme et le consumérisme.
Nous n’avons plus de temps à perdre dans cette campagne et il est indispensable d’en finir avec cette agitation politicienne autour de la primaire populaire qui rappelle des vieux réflexes : quand on n’a plus d’idées, on se tourne vers le passé en oubliant que l’unité de la gauche en 1981 n’a pu se faire qu’après la signature d’un programme commun, et que le contexte géopolitique a beaucoup évolué depuis.
C’est aussi en finir avec la contestation de la légitimité des écologistes à incarner une écologie de gouvernement. Nous devons tenir avec fermeté le cap face à cette médiocre tentative de déstabilisation des écologistes.
Enfin l’argument qu’il nous faudrait un seul candidat pour postuler au second tour pour éviter de revivre un duel entre extrême droite et Emmanuel Macron n’est plus tenable. D’une part parce qu’en politique 1+1 ne fait jamais deux, mais beaucoup moins, tout simplement parce que les électrices et les électeurs peuvent se rassembler sur un projet cohérent mais pas sur un nom. Le croire, c’est encore céder aux sirènes d’un hyper présidentialisme si délétère pour notre démocratie. D’autre part parce que dans le combat contre l’extrême droite, nous sommes arrivés au bout de la logique des stratégies défensives fondées sur le plus petit dénominateur commun. Et ne nous leurrons pas, le seul vote utile tant critiqué par les électrices et les électeurs ne se voyant plus offrir d’autres alternatives, soit ne fonctionnera plus, soit pourrait se porter sur Emmanuel Macron.
La France se trouve depuis de nombreuses années plongée dans une crise politique majeure qui est la résultante d’une co-production des bilans successifs des quinquennats de la gauche socialiste et de la droite. Cette crise s’incarne dans deux dimensions : celle qui a trait aux institutions (présidentialisme et mode de scrutin) avec pour conséquence majeure un taux d’abstention record, et celle du rapport à la croissance économique dont on mesure aujourd’hui tous les effets négatifs tant sur le plan écologique que sur le plan social.
La solution ne peut pas être un retour dans le passé et se résumer à une unité de façade autour d’un programme minimaliste. Or le socle de la primaire populaire ne respecte pas l’Accord de Paris sur le climat, et est très faible sur l’écologie (seulement deux propositions sur les dix). Concernant le climat, le socle se contente de la reprise des propositions de la Convention Citoyenne. Et si celles-ci sont un bon point de départ, il faut rappeler qu’elles ne permettraient pas à elles seules à la France de respecter l’objectif de réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre en 2030.
Pour répondre à l’angoisse des électrices et des électeurs de se trouver à nouveau confrontés à un choix du « contre » et non du « pour » au second tour de l’élection présidentielle, nous nous adressons à eux en leur disant : soyez audacieux et rassemblons-nous au sein de la maison de l’écologie qui est grande ouverte.
Rassemblons-nous autour d’un projet d’avenir et non du passé, un projet écologiste, féministe, antiraciste, juste et protecteur des libertés publiques, de l’état de droit. Un projet d’une société du respect, de la confiance et de la sororité, de la solidarité, de la démocratie citoyenne, pour que chacune et chacun puisse reprendre en main son destin. Un projet cohérent qui réponde aux défis écologiques, sociaux et démocratiques, qui fasse de l’écologie politique un projet alternatif porteur de nouvelles pratiques, de nouvelles espérances, d’un nouvel imaginaire.
C’est beaucoup plus exaltant de vouloir ne pas désespérer la jeunesse, reconquérir les abstentionnistes, faire appel à celles et ceux qui dans leur vie ont milité pour les droits humains, contre les discriminations, pour la justice sociale qui ont vocation à rejoindre le combat des écologistes plutôt que de gâcher un temps précieux de conviction auprès des électrices et des électeurs en se préoccupant d’opérations politiciennes d’un autre temps.
Dominique Bertinotti