Buitoni, Kinder, Lactalis : un système de sécurité sanitaire défaillant

06 avril 2022

Une succession de problèmes sanitaires pour plusieurs produits industriels à base de lait.

Après les pizzas Buitoni fabriquées dans une usine à Caudry dans le Nord, ce sont désormais les chocolats Kinder fabriqués par Ferrero en Belgique et plusieurs fromages au lait cru fabriqués dans une usine de Lactalis (Fromagerie de Livarot) qui font désormais l’objet d’un retrait-rappel par les autorités sanitaires.

Même s’ils ne sont pas tous l’objet d’une même contamination, tous ces retraits-rappels viennent nous rappeler l’insuffisance de la sécurité sanitaire dans l’industrie agroalimentaire en Europe.

Des retraits-rappels de produits dangereux qui arrivent à chaque fois après des hospitalisations, voire même après plusieurs décès.

Les retraits-rappels des pizzas Buitoni contaminées par la bactérie E. coli n’ont été réalisés qu’après de nombreuses hospitalisations et le décès de plusieurs enfants. L’usine est aujourd’hui fermée par les autorités sanitaires en raison de problèmes d’hygiène. Est-ce à croire que d’autres produits Buitoni sont concernés ? Pourquoi l’alerte n’a-t-elle pas été donnée plus tôt ? Pourquoi cette usine n’a-t-elle pas fait l’objet de véritables contrôles sanitaires plus tôt ?

Les retraits-rappels des chocolats Kinder n’ont été réalisés qu’après que les autorités sanitaires françaises n’aient été sûres qu’un lien était possible entre la consommation des chocolats et de nombreux cas de salmonellose suite à des hospitalisations d’enfants. Là encore il aura fallu de nombreuses hospitalisations pour que le retrait-rappel des produits soit lancé lundi 4 avril. L’alerte avait pourtant été lancée le 2 avril au Royaume-Uni. Le journal Ouest France indiquait même aujourd’hui que certains produits n’avaient pas été retirés des rayons des supermarchés. 

Le retrait-rappel de fromages produits par une filiale de Lactalis s’y ajoute aujourd’hui en raison de suspicion d’une contamination à la listériose suite à des contrôles. Seulement si les contrôles avaient été faits correctement, les produits n’auraient pas dû être mis en vente. Pourquoi ces produits se retrouvent-ils en magasin ? La encore l’opacité est la règle mais l’enjeu est plus grave car un quart des cas d’infections alimentaires à la listériose est mortel.

Cela démontre que le système de sécurité sanitaire qui repose essentiellement par des autocontrôles des usines ne fonctionne pas. Les véritables contrôles par les autorités sanitaires de ces usines n’existent quasiment plus en raison de la baisse constante des effectifs d’inspectrices et d’inspecteurs et d’une réglementation trop laxiste. Côté DGCCRF, ce sont 440 postes en moins en 10 ans tandis que pour la Direction générale de l’alimentation, dans la même période, les inspections réalisées ont diminué de plus de 30%. Ces constats avaient pourtant déjà été faits par les députés et sénateurs lors de l’affaire Lactalis en 2017. Aucun enseignement n’en a été tiré.

Quentin Guillemain