« Toxic deal » européen avec l’industrie chimique

19 octobre 2022

Génération Écologie dénonce la décision de la Commission Européenne prise ce mardi 18 octobre 2022 de reporter encore une fois la révision des réglementations REACH (et CLP), compromettant ainsi gravement leur adoption avant les prochaines élections européennes en 2024. 

REACH (« Registration, Evaluation and Authorisation of Chemicals ») est en effet un pilier de la politique sanitaire et environnementale communautaire, qui permet de ne pas laisser entrer sur le sol européen des substances non enregistrées, selon le principe « Pas de données, pas de marché ». Les enjeux de la révision de la réglementation REACH, en vigueur depuis 2007, étaient absolument essentiels pour limiter la puissance destructrice de l’industrie chimique.

Il s’agissait notamment de permettre l’évaluation par famille de produits et non plus substance par substance, facilitant ainsi grandement le travail de charge de la preuve, et autorisant l’interdiction « en bloc » de familles de substances chimiques. Il s’agissait ensuite de considérer les interactions entre substances, ce qui devait permettre de prendre en compte le fameux effet-cocktail déjà dénoncé par Ulrich Beck dans les années 1980. Il s’agissait enfin pour la première fois d’identifier, et donc potentiellement d’interdire, les perturbateurs endocriniens, pour lesquels l’accumulation de données scientifiques sur la santé des humains et des non-humains est aujourd’hui sans appel.

En choisissant d’écouter la voix des lobbys de la chimie plutôt que celle des citoyens, des ONG et de plusieurs ministères de l’environnement et gouvernements des États membres, la Commission Européenne est en contradiction avec ses propres engagements pris dans le cadre du Green New Deal.

Génération Écologie n’est pas dupe ni de la rhétorique du report, ni de l’excuse de la crise énergétique mobilisée par les lobbys. Cette décision en dit long. Tout comme la pandémie depuis 2020, au lieu de provoquer la réorientation radicale des choix économiques et sociaux, n’a engendré que des plans de « relance » de la croissance tournant le dos à toute action sérieuse face à l’état d’urgence écologique, les effondrements en cours (guerre en Ukraine, choc énergétique, inflation etc) conduisent aujourd’hui la Commission européenne a appuyer sur l’accélérateur de la destruction, au lieu d’activer la pédale de frein. La biodiversité se meurt, les maladies liées aux substances chimiques explosent, qu’à cela ne tienne, vive les substances toxiques ! L’obsession pour la croissance économique qui gouverne le monde le mène à sa perte. Plus que jamais, nous devons construire les rapports de force autour du seul chemin alternatif : celui de la décroissance.

Fanny Verrax