01 février 2023
Aux côtés de l’intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU), Génération Écologie appelle aux deux nouvelles journées de grèves et de manifestations, le mardi 7 et le samedi 11 février prochains.
L’ampleur des manifestations du 31 janvier pour dire non à la réforme des retraites et au report de l’âge légal à 64 ans, avec 2,8 millions de personnes dans toute la France, marque la montée en puissance du mouvement. Il gagne en profondeur : la mobilisation est encore plus massive dans les villes moyennes, la jeunesse commence à rejoindre les cortèges elle aussi. Il gagne en confiance : le gouvernement s’obstine à affirmer que sa réforme est « non-négociable » mais chacune, chacun sent bien que la victoire est possible. C’est le retrait de la réforme des retraites qui est non négociable. Et plus les effets concrets de la réforme sont étudiés en détail, plus ils apparaissent pour ce qu’ils sont : injustes et scandaleux, notamment en matière d’inégalités entre femmes et hommes.
« Non au “métro, boulot caveau“ », « le peuple dans la rue, qui aurait pu prédire ? », « tu nous mets 64, on te mai 68 », « la retraite avant la fin du monde »,… les slogans affirment de plus en plus une critique non seulement de la réforme, mais de l’idéologie qui l’inspire, dépassée et dévastatrice, fondée sur le productivisme et le culte de la croissance. Elle est non seulement incompatible avec la réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais elle vient également sévèrement déstabiliser l’édifice longuement bâti de politiques sociales très structurantes, dont la réforme de l’assurance-chômage avait déjà donné un avant-goût. Au prétexte de réduire les dépenses publiques, le gouvernement détricote l’État Providence, social par excellence, préférant très clairement flécher les deniers publics vers les entreprises et leur faire bénéficier de ses largesses (avec par exemple la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises).
Mais ces orientations macro-économiques de notre Gouvernement ont rencontré sur le terrain un obstacle dont il ne soupçonnait pas l’existence, et encore moins la puissance : le ressenti de milliers de personnes en France qui subissent la dégradation de leurs conditions de travail, à l’origine de nombreux maux (douleurs physiques, maux de tête, anxiété, épuisement, maladies chroniques, burn out…). La non-reconnaissance et la perte de sens du travail induites par le productivisme sont au cœur de la profondeur du mouvement, comme l’a souligné à juste titre Dominique Méda. Insensible à des chiffres alarmants et constants dénonçant la dégradation des conditions de travail en France, pourtant régulièrement rendus publics par des enquêtes européennes, Emmanuel Macron s’était déjà illustré en supprimant en 2017 quatre des dix critères de pénibilité (dont le port de charges lourdes et les postures pénibles), prétextant que le seuil d’exposition n’était pas quantifiable…
Les Françaises et les Français aspirent à de nouveaux équilibres, adaptés aux défis du siècle : entre écologie et accomplissement de soi, entre vie personnelle et vie professionnelle, au sein desquels les liens humains et la solidarité – intergénérationnelle notamment – occupent une place fondamentale. Les jeunes générations, confrontées à l’état d’urgence climatique, écologique et sanitaire, l’expriment déjà clairement dans leurs choix de vie, avec l’aspiration à vivre autrement et au bien-être, avec de nouvelles exigences (sens au travail, équilibre entre vie professionnelle et personnelle). Pour elles et eux, comme pour les plus anciens qui contribuent fortement à l’intérêt général dans le cadre de leurs engagements associatifs une fois à la retraite, « travailler plus pour vivre moins » n’est plus un avenir désirable.
Soyons nombreuses et nombreux à l’exprimer les 7 et 11 février prochains ! Notre mot d’ordre demeure inchangé et s’impose plus que jamais comme leitmotiv de nos mobilisations : « Vive la retraite, vive la décroissance, vive le bien-être ! » !
Iris Bal