Élections législatives : après le soulagement, se garder de tout triomphalisme

11 juillet 2024

L’extrême droite a perdu. La République a gagné ! Génération Écologie salue la victoire du front républicain qui a permis non seulement d’empêcher le Rassemblement National d’obtenir une majorité, mais, mieux encore, de le reléguer à la place de troisième bloc dans la composition de l’Assemblée nationale. Elle a été rendue possible par un sursaut civique sans précédent, l’engagement de nombreuses forces vives de la société civile, les prises de position très claires en faveur de désistements pour la candidature la mieux placée pour battre le RN.

Pour autant, il faut se garder de tout triomphalisme : une extrême droite rassemblant un tiers des voix exprimées continue de représenter une menace majeure pour la démocratie à trois ans de la prochaine élection présidentielle. Génération Écologie estime indispensable de porter un regard lucide sur l’analyse du scrutin, dans toutes ses dimensions territoriales, sociologiques et politiques. Le soulagement éprouvé depuis dimanche soir ne doit en aucun cas conduire à l’aveuglement. Dans un contexte international marqué par la montée du nationalisme et de la xénophobie, le combat contre l’extrême droite n’est pas encore gagné en France.

La vraie réponse à cette situation dramatique pour le destin du pays est la construction d’un projet de société innovant, rassemblant le pays autour de nouvelles perspectives d’avenir pour vivre autrement, qui doit être construit à la base, avec les citoyennes et citoyens. Les enjeux écologiques, qui sous-tendent l’ensemble des enjeux géopolitiques comme la souffrance sociale liée à la vie chère, doivent y occuper une place centrale. Les programmes basés sur l’augmentation de la croissance économique ne sont plus crédibles pour répondre aux aspirations populaires. Enfin, les forces de transformation sociale ne peuvent faire l’économie d’une affirmation forte de leurs positions sur les enjeux républicains, laïcs et régaliens, sans laquelle il n’y a pas de stratégie gagnante pour gouverner le pays.

Dans l’immédiat la défense de République et de ses valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité, est le seul programme qui dispose d’une majorité à l’Assemblée nationale. Disposant du bloc numériquement le plus important, mais largement minoritaire, le nouveau front populaire a la responsabilité de proposer des solutions pour gouverner le pays, sans sectarisme et en tenant compte du sens du vote de nombreuses électrices et électeurs qui ont choisi la République et non l’adhésion à la totalité d’un programme.

Une autre conclusion s’impose : le système institutionnel présidentialiste de la Vème République est épuisé et définitivement dangereux pour la démocratie. Ces institutions, que l’on disait fortes, aboutissent à la paralysie du pays. La dissolution irresponsable a été le fait d’un seul, le Président de la République. Aujourd’hui c’est le poison du présidentialisme qui semble inspirer les arrière-pensées de nombreuses forces en présence, qui semblent privilégier 2027 plutôt que l’amélioration immédiate des conditions de vie. La nécessité d’un changement de régime s’en trouve confirmée.