01 octobre 2024
Le Premier ministre a placé son discours de politique générale sous une double exigence : “la réduction de notre dette budgétaire et de notre dette écologique”. Si la lucidité affichée par Michel Barnier contraste avec l’occultation de l’état d’urgence écologique par ses prédécesseurs, son propos traduit en réalité une double erreur de diagnostic :
- L’humanité n’affronte pas une « dette » écologique, mais une trajectoire d’effondrement remettant en cause ses conditions même d’existence. Personne ne pourra « rembourser » la disparition de pans entiers du vivant, l’élévation du niveau des mers, la fonte des glaciers en montagne, la contamination massive de l’air, des sols et de l’eau par des polluants éternels… Parler de « dette écologique », c’est implicitement nier l’irréversibilité de nombre des destructions en cours et les effets systémiques du dépassement des limites planétaires. L’enjeu n’est pas de rembourser une dette, mais de ralentir, de réduire la consommation d’énergie et de matières premières, et d’organiser l’adaptation profonde à des conditions de vie bouleversées.
- La dette budgétaire et l’urgence écologique ne sont pas deux problèmes distincts. Ils sont liés et interdépendants. C’est le modèle économique actuel, fondé sur la recherche de croissance du PIB par le consumérisme et le productivisme, qui est la cause de la destruction environnementale. Prendre au sérieux la situation budgétaire dégradée de la France exige de la lucidité sur les dégâts d’un régime économique fondé sur un objectif de croissance en butte à des limites physiques, avec pour corollaire le recours à l’endettement massif. Comme en boomerang, l’austérité entraîne l’explosion des inégalités et l’affaiblissement des services publics qui minent la République. Il est temps d’en finir avec la spirale course à la croissance-dette-austérité, mais aussi de reconnaître à quel point le chaos climatique, fait d’inondations, de pertes de récoltes, de sécheresses, d’incendies, plombe les comptes publics.
S’il est salutaire que Michel Barnier annonce que l’État va (enfin !) respecter ses obligations en termes de planification de la lutte contre le réchauffement climatique, les choix concrets annoncés vont à rebours d’une réelle inflexion environnementale. En témoignent l’abandon de la lutte contre l’artificialisation des sols sous la pression du lobby du béton (alors même que les puits de carbone s’effondrent), la réduction des efforts en matière d’économies d’énergie ou encore l’absence de toute mention de la santé environnementale. Génération Écologie exprime son inquiétude face à ce qui s’apparente à une nouvelle étape de démantèlement de politiques publiques en faveur de la sobriété.