COP16 : la biodiversité abandonnée

18 novembre 2024

Génération Écologie réaffirme l’impérieuse nécessité de politiques systémiques incluant la protection de la biodiversité à la lutte contre le changement climatique. Les terriennes et les terriens doivent se réconcilier avec la nature, dont elles et ils font intimement partie.

À l’heure de la sixième extinction des espèces, la COP16 (Conférence des parties à la convention sur la diversité biologique) qui s’est déroulée à Cali en Colombie fin octobre 2024, dédiée au suivi et au financement de la biodiversité, a dû suspendre ses travaux faute de quorum… L’urgence d’agir face à l’irréversibilité de la disparition du Vivant est ainsi empêchée de toutes parts : dissensions entre Nord et Sud, poids des lobbies, généralisation d’un mode de développement humain prédateur, sans égards pour les autres espèces, chosifiées.

La COP16 avait pourtant un objectif louable : trouver les conditions de mise en œuvre du Global Biodiversity Framework, adopté deux ans plus tôt. Entre-temps, pas moins de 119 pays avaient pu soumettre des objectifs biodiversité et 44 pays avaient proposé des stratégies et plans d’actions associés afin d’atteindre les 23 objectifs de l’accord de Kunming-Montréal. Toutefois, aucun cadre de suivi de progrès pour mesurer les avancées des États n’a pu être établi en deux semaines de négociations ! De manière similaire, aucun accord n’a pu ressortir sur les financements et ressources pour soutenir les mesures de protection de la biodiversité, estimées à 200 milliards de dollars par an d’ici à 2030. Des dissensions entre les pays du Nord et du Sud sur une juste répartition des efforts à conduire et sur la gouvernance de ces fonds en constituent les causes majeures. 

Dans ce registre, Génération Écologie salue deux avancées : 

–  la création du fonds de Cali, dédié aux ressources génétiques. Abondantes dans les pays en développement et exploitées par les entreprises des pays développés dans le secteur agro-agroalimentaire, pharmaceutique et cosmétique notamment, elles sont désormais susceptibles de bénéficier de nouveaux soutiens financiers. Toutefois, ce mécanisme reste facultatif, les entreprises étant simplement “invitées” à y verser 1% de leurs bénéfices. Il est prévu que la moitié des financements récoltés soit fléchée vers les peuples autochtones et les communautés locales, et si possible avec des paiements directs. Si l’intention est louable, Génération Écologie ne peut que douter de l’efficacité de ce nouveau dispositif.

la création d’un groupe permanent de représentation des peuples autochtones au sein de la Convention pour la diversité biologique, reconnaissant ainsi leur rôle crucial en tant que gardiens de la nature.

En revanche, pour des raisons autant éthiques qu’opérationnelles, Génération Écologie ne peut souscrire au mécanisme des crédits biodiversité, suite à la publication du référentiel de l’IAPB (International Advisory Panel on Biodiversity Credits) visant à établir un cadre pour l’attribution des certificats biodiversité à haute intégrité. Soutenu par l’Union Européenne, ce dispositif conduirait à la même impasse que les crédits carbone. Génération Écologie apporte son soutien au comité consultatif d’ONG alertant sur l’inadaptation de cet instrument à l’extrême gravité de la situation d’un Vivant en péril.

Ce désintérêt généralisé des représentants élus pour ce sujet majeur se fait aujourd’hui sentir à toutes les échelles : 

l’Union Européenne est revenue sur le statut du loup dont la protection stricte s’est transformée en une protection simple le 25 septembre dernier. Les quotas d’abattage de loups ont de ce fait augmenté, sacrifiant ainsi l’objectif de cohabitation avec ce mammifère emblématique.  

la France a présenté le 25 octobre dernier son 3e Plan National d’Adaptation au Changement Climatique dans lequel la biodiversité est absente des 51 mesures listées.

Il est temps pour les terriennes et les terriens de repenser leur rapport au Vivant, de se réconcilier avec la nature et de retrouver la juste place qu’ils y occupent, parmi de nombreux autres représentants issus d’une évolution de près de 3,5 milliards d’années.  

Anne-Laure BEDU