Le CESE s’empare du débat sur la décroissance

19 novembre 2024

Génération Écologie assume la nécessité de la décroissance, c’est-à-dire la réduction, organisée volontairement et démocratiquement, de la consommation d’énergie et de matières premières. C’est donc avec beaucoup d’intérêt que nous avons lu l‘analyse de controverses du Conseil économique et environnemental (CESE) « Transition écologique : croissance vs décroissance : de quoi parle-t-on ? » qui a été publiée le 15 novembre.

Face aux effondrements en cours, l’étude du CESE acte la nécessité de « questionner d’urgence au niveau de l’OCDE, voire au niveau mondial, la refonte de notre modèle économique actuellement piloté par la croissance du PIB au niveau macro-économique et fondé sur le retour sur investissement (ROI) au niveau microéconomique ».

De manière objective, ce travail d’analyse expose les arguments qui opposent croissance et décroissance au crible de six grandes questions. Les conclusions sont sans appel.

La croissance du PIB est-elle compatible avec les limites planétaires ? Peut-elle être découplée des consommations de ressources ? Non, le découplage est « infiniment trop limité et trop partiel pour produire un effet véritable », et les solutions technologiques, qui restent à ce stade des hypothèses, « ne pourront pas être déployées à une échelle et dans des délais efficaces ». À l’inverse, « la variable du PNB influe significativement sur la “faisabilité” de la neutralité carbone ».

La croissance du PIB a permis de réduire significativement la pauvreté absolue, mais « ses effets à l’avenir paraissent plus incertains » et les inégalités ont augmenté dans les pays développés. La croissance ne fait pas le bonheur. Elle n’est pas indispensable au financement de notre modèle social et des services publics, qui est affaire de « mécanismes de redistribution », de « réaffectation des ressources » , de « résilience », de prévention et de transformation de nos modes de vie.

Certes, il n’existe pas actuellement de modélisation macro-économique explorant les conditions et les effets d’une décroissance volontaire. Mais alors qu’une stagnation subie se profile dans de nombreux pays de l’OCDE, organiser la décroissance « appelle à développer la souveraineté, l’autonomie dans les secteurs vitaux », présentées comme des « leviers de puissance ».

Aussi, « sans effacer l’intégralité des doutes, des réticences ou des oppositions », cette étude pointe « l’absence de soutenabilité du modèle de développement à l’œuvre depuis la Seconde Guerre mondiale ». « Proposition est faite de repenser l’économie à la lumière de la décroissance ou de la post-croissance ».

Le CESE conclut ainsi à la nécessité de construire « des récits partagés et mobilisateurs […] pour porter ces perspectives de développement inédites, conduisant à de nouveaux modèles de société ».

Génération Écologie salue cet important travail d’analyse mené au sein du CESE, qui marque une nouvelle étape dans le débat public autour de la décroissance, appelle à changer de posture et imaginer une autre économie.

Edith LECHERBONNIER


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