Le pape François et la sauvegarde de la “maison commune”

23 avril 2025

Pour Génération Écologie, l’écologie intégrale démocratique est un concept politique, et non religieux.  

Défendre la laïcité à laquelle nous sommes attachés n’empêche pas de saluer la contribution de Jorge Mario Bergoglio, le pape François, décédé lundi, à la prise de conscience mondiale de l’urgence écologique. 

L’encyclique Laudato si, publiée en 2015, a eu une influence considérable, en particulier sur la COP21 qui a débouché sur l’Accord de Paris pour le climat. 

À sa parution, ce texte est apparu comme l’un des plus révolutionnaires du moment sur l’écologie. Il fait le lien entre destruction de la nature et inégalités. Il démontre que justice sociale et justice environnementale sont inséparables.  

Il pose que l’écologie ne doit plus une dimension parmi d’autres, mais le fondement de toutes les décisions dans tous les domaines. Il affirme la primauté de l’écologie sur l’économie. Il va jusqu’à remettre en cause la croissance et la fuite en avant technologique, dénonçant “l’idée d’une croissance infinie ou illimitée, qui a enthousiasmé beaucoup d’économistes, de financiers et de technologues”, ou encore “le mensonge de la disponibilité infinie des biens de la planète, qui conduit à la “ presser ” jusqu’aux limites et même au-delà des limites”, et même “le discours de la croissance durable (qui) devient souvent un moyen de distraction et de justification qui enferme les valeurs du discours écologique dans la logique des finances et de la technocratie.”

Génération Écologie a assumé, à l’époque, la référence explicite à cette encyclique, d’un point de vue politique et non pour son sens moral ou religieux, sans rien cacher de désaccords fondamentaux avec des thèses que cette encyclique ne fait que rabâcher, par exemple sur l’avortement et les droits des femmes à disposer de leur corps. L’Église, comme toutes les religions, reste profondément patriarcale. Elle ne reconnaît pas que l’exploitation de la nature par les humains et des femmes par les hommes relève des mêmes mécanismes ancestraux accordant un statut inférieur à la féminité. Nous combattons tout dévoiement de l’écologie intégrale consistant à promouvoir des valeurs réactionnaires pour confiner les femmes à leur fonction reproductrice. Comme nous l’écrivions “Vouloir travestir le sens de l’écologie intégrale pour en faire une arme contre les femmes, contre leur droit à maîtriser leur corps, contre le droit à l’avortement et à la contraception, contre les progrès de la bioéthique, contre les libertés individuelles, à commencer par la faculté de vivre librement son orientation sexuelle que l’on soit homme ou femme, c’est exactement le contraire de la révolution anthropologique nécessaire.”

Reste que l’encyclique Laudato si’ a représenté un tournant historique dans l’implication du Vatican sur les enjeux écologiques. À ce titre, nous disons merci au pape François.