29 avril 2022
5 puis 6… comprendrons-nous un jour que la plupart des limites planétaires est déjà largement dépassée ?
Un article publié dans Nature le 26 avril par les chercheuses et chercheurs du Potsdam Institute associés au Stockholm Resilience Center démontre que la limite planétaire du cycle de l’eau verte (eau douce) est franchie. La notion d’eau verte regroupe les précipitations terrestres, l’évaporation et l’humidité du sol, dont dépend l’ensemble du vivant sur Terre. Les scientifiques ont établi la limite planétaire pour l’eau verte et estimé son statut actuel, en apportant les preuves d’une détérioration généralisée du fonctionnement du système terrestre de l’eau douce. Selon l’un des chercheurs co-auteur de l’étude, « la forêt amazonienne dépend de l’humidité du sol pour sa survie« . Le dépassement de cette limite met en danger les ecosystémes forestiers et en particuliers ceux situés dans les zones humides qui ont des besoins en eau particulièrement importants.
Cette publication intervient alors qu’en janvier dernier, les scientifiques avaient prouvé le dépassement d’une 5ème limite planétaire : celle concernant « l’introduction de nouvelles entités dans la biosphère », à savoir les pollutions chimiques d’origine humaine par des substances de synthèse introduites massivement dans l’environnement (plastiques, pesticides, métaux lourds, radioactivité, médicaments etc).
Rappelons-le : les limites planétaires définissent un espace de développement sûr et juste pour l’humanité. Leur dépassement traduit la destruction des conditions d’habitabilité de la Terre. Aujourd’hui il a est donc démontré que le cycle de l’eau verte rejoint dans la liste de celles qui sont franchies le changement climatique, l’érosion de la biodiversité, le changement d’utilisation des sols, la perturbation du cycle de l’azote et celle du cycle du phosphore et l’introduction de nouvelles entités dans la biosphère. Sur les 12 limites planétaires identifiées, 6 sont donc dépassées, 2 ne sont pas encore quantifiées (ce qui ne signifient pas qu’elles ne soient pas déjà dépassées). Quant aux autres, elles pourraient bien être franchies prochainement comme l’acidification des océans par exemple.
« I want you to panic » disait Greta Thunberg. Oui, nous devons paniquer, il serait temps ! Seul compte aujourd’hui l’action, il n’y a pas une minute, pas un combat à perdre, nous devons toutes et tous être mobilisés. L’action doit être engagée immédiatement, un coup d’arrêt doit être mis à toutes les destructions humaines de l’environnement ; c’est un changement systémique qui doit être opéré de toute urgence.
Il est inconcevable que ces sujets dont dépendent la survie de l’humanité soient absents de la plupart des programmes politiques, en France comme ailleurs, et que ces informations ne donnent pas lieu à un élan collectif au niveau mondial.
Le seul projet politique à la hauteur des enjeux écologiques et humains est celui de la décroissance de la consommation d’énergie et de matière. Il vise à organiser démocratiquement une transformation de notre modèle de société pour revenir au respect des limites planétaires, afin de préserver notre sécurité collective. Il implique de grands changements pour vivre ensemble mieux et autrement.
Cécile Faure