15 juillet 2022
C’est la double peine pour la Gironde depuis 3 jours, en plus d’être accablée par une chaleur caniculaire, avec des températures attendues pour lundi dépassant les 40°C, plusieurs méga-feux se propagent, avec déjà plus de 8000 hectares de forêts ravagés (3150 hectares brûlés à La Teste-de-Buch et 4500 à Landiras), plus de 11000 personnes évacuées, plusieurs maisons détruites et des milliers d’animaux sauvages brûlés vifs.
Malheureusement, ces scènes de désolation seront de plus en plus fréquentes et nous devons donner plus de moyens à nos unités de secours qui sont sous équipées. Il est urgent de prévoir les politiques d’adaptation et d’anticipation nécessaires, parce que nous le savons toutes et tous, nous sommes en train de vivre les conséquences directes du changement climatique. (Voir le discours de Delphine Batho devant les pompiers de France)
Pour l’heure, Génération Écologie Gironde apporte tout son soutien aux pompières et pompiers en première ligne sur le front des incendies, à celles et ceux qui sont sur la base arrière pour la logistique, mais également à tous les maires et conseillers municipaux des territoires concernés qui agissent sans relâche pour protéger et évacuer leurs administrés.
Nos pensées vont aussi à toutes les personnes touchées par ces incendies.
Enfin, nous éprouvons une grande tristesse pour toute la faune sauvage, première victime de ces tragédies.
Et pourtant, nous pourrions limiter ces catastrophes. Prenons l’exemple du bassin d’Arcachon comme nous y invite Anne-Laure Bedu, conseillère Régionale Nouvelle-Aquitaine Génération Écologie et habitante de Lège Cap-Ferret :
« Ceux qui ne peuvent se rappeler le passé sont condamnés à le répéter », Georges Santayana. Voilà une phrase qui sonne bien tristement aux oreilles des habitants du Bassin d’Arcachon. Ainsi, le feu s’est abattu sur la forêt de La Teste depuis le 12 juillet dernier, sans doute en raison d’un incident électrique sur un véhicule de passage. Voilà une belle illustration de l’enchaînement d’une petite cause et d’effets incommensurables ! Un incident humain aura donc suffi à anéantir plus de 3000 Ha de forêts, toute sa faune et sa flore, riche d’une grande diversité, connue et appréciée des locaux, lentement constituée depuis un millénaire… Parmi ces victimes, plus de la moitié de la forêt usagère de La Teste a donc été emportée, ainsi que ses habitants faisant partie du « Vivant », et avec elle 1000 ans d’histoire naturelle et patrimoniale. Cette forêt avait su, depuis le Moyen Âge, trouver progressivement les conditions de son épanouissement. Elle avait fini par abriter toutes sortes d’arbres, de bosquets, de baies, de fougères, de champignons, et par constituer des milieux variés dont des marais, qui faisaient le bonheur d’une faune locale composées d’insectes, d’oiseaux, de petits mammifères…
Conscients de sa grande valeur, elle avait fait l’objet de Droits inaliénables, depuis cinq siècles, gérée de manière très spécifique par les communautés locales en tant que forêt vivrière. Nous sommes nombreux à pleurer face à cette tragédie de nature irréversible à l’échelle humaine.
Au 15 juillet 2022, en dressant cet abominable constat, qui se souvient de l’incendie d’août 1949, qui ravagea 52 900 Ha dans le massif forestier des Landes de Gascogne, entraînant la mort de 82 personnes : fonctionnaires des Eaux et Forêts, pompiers, bénévoles, dont le maire de Saucats ? Les communes de Cestas, Saucats, Marcheprime et Mios qui en furent les victimes sont toutes proches de celle de La Teste, et les risques d’incendie se sont aujourd’hui démultipliés en raison de la pression foncière et touristique et du réchauffement climatique. Déjà, l’erreur était d’origine humaine : un gardien de scierie fumait dans son lit… L’incendie avait parcouru 6000 Ha en vingt minutes !
Quelle leçon avons-nous tiré de cette terrible histoire ? Il semble bien que nous en ayons tout oublié en laissant une piste, qui aurait dû être fermée, être empruntée par n’importe quel usager en pleine période de vigilance orange. Pire, en omettant tout simplement d’élaborer des Plans de Prévention des Risques Incendie de Forêts (PPRIF) sur les territoires concernés. Ainsi, sur les 10 communes du Bassin d’Arcachon, seulement trois sont dotées d’un tel outil ! Il a pourtant été prescrit par l’Etat pour l’ensemble des communes, dès 2004. En 18 ans, les sept autres communes, toutes très concernées par ce risque, n’ont donc pas jugé nécessaire de remplir leurs obligations en matière de prévention. Il s’agit pourtant d’un enjeu de sécurité des populations, autant que de préservation de l’environnement ! Etrangement, la Préfecture n’a pas estimé devoir les presser d’agir en la matière.
Génération Écologie déplore le caractère irresponsable de ces multiples manquements à la loi (Code de l’environnement, code forestier, code des collectivités locales, code des assurances, codes des risques naturels…) de la part des collectivités concernées, tout comme l’absence de réaction de la part de la Préfecture, entraînant l’exposition des populations et de l’environnement à des risques majeurs. Nous les invitons à prendre leurs responsabilités au plus vite.
Les militantes et militants de Génération Écologie Gironde gironde@generationecologie.fr