14 octobre 2024
Une fois de plus, les Marseillaises et les Marseillais ont vu leur ville soumise le mardi 8 octobre au matin à un événement hydrologique d’une extrême violence. Dans un laps de temps très court, nombre de quartiers de Marseille ont été impactés par des pluies torrentielles, une montée des eaux soudaine et accélérée et un débordement des égouts, avec des conséquences sur l’hygiène, la santé, et la vie des habitants.
Mais au fait de quelle autre violence parle-t-on ? Celle qui plane dans notre ville et pousse des jeunes hommes à s’entretuer dans une cruauté hors norme ?
Une fois de plus, passant du chaud au froid et du froid au chaud, les derniers jours précédents ce mardi nous alertaient encore sur un climat complètement déréglé, directement ou indirectement, par les activités humaines, et il est vain aujourd’hui de nier cette réalité.
Mais au fait, de quel autre climat parle-t-on ? Est-ce celui délétère qui voit dans notre ville un enfant de 14 ans sous emprise, assassiner un père de famille de 35 ans ?
Une fois de plus, la saturation de notre très vieux réseau d’assainissement dans le périmètre du Vieux-Port/Centre-ville et la défaillance de nos sols à absorber le ruissellement des eaux de pluies, éclatent au grand jour.
Mais au fait de quelles autres défaillances parle-t-on ?
– Celles qui ont laissé se marginaliser, se désespérer et s’enkyster dans le clientélisme et les trafics tout un pan de notre jeunesse ?
– Celles qui ont autorisé depuis bien trop longtemps, une partie de notre sphère politique à se servir plutôt qu’à servir leurs concitoyens, et qui doivent aujourd’hui rendre des comptes à la justice lors de procès médiatisés ?
Une fois de plus, alors que Marseille, entourée d’une barrière de collines et face à une mer Méditerranée qui se réchauffe, la politique d’urbanisation et d’artificialisation à outrance de nos espaces verts, commencée dans les années soixante et qui a trop perduré, a construit une ville fracturée et meurtrie.
Une fois de plus, nous ne pouvons oublier les divers effondrements d’immeubles car plutôt que d’entretenir et réparer le bâti existant, cette politique urbanistique intensive et irréfléchie a vu nos fleuves, nos ruisseaux, nos sources, déviés de leurs cours ou enfouis, et se déverser, on ne sait où dans nos sous-sols très vite saturés par ces phénomènes de pluies intenses.
Mais au fait de quelles incapacités parle-t-on ?
– Celles des décideurs depuis des décennies, d’imaginer et d’anticiper la transformation de notre ville devant ses défis climatiques, sociaux et économiques.
Combien encore de « chicayas » entre collectivités, pour faire de Marseille une ville qui puisse offrir à sa jeunesse des perspectives heureuses pour VIVRE MIEUX ; une ville qui pourra réconcilier bien-être social et réussite économique, dans le respect des limites planétaires.
Face à cette désintégration climatique, sociale, et à cet affaissement moral, la nécessité d’éthique, d’accompagnement des plus faibles, et l’amplification d’une politique écologique, économique et sociale doivent permettre de combattre la défiance, l’abandon, la pauvreté, et le sentiment de honte et de tristesse qui pèsent parfois sur les Marseillaises et des Marseillais.
Ce chemin est long et pénible, mais nous devons tous nous y atteler pour VIVRE AUTREMENT !
Cécile Vignes , Conseillère d’arrondissement du 6ème secteur, ville de Marseille et membre du conseil national de Génération Écologie