29 novembre 2024
Aujourd’hui nous sommes le dernier vendredi de novembre, journée de la gabegie internationale, du climax de notre société de consommation, connu sous le nom de Black Friday.
Il semble que année après année, il faille dire et redire constamment la même chose : NON nous ne voulons plus du Black Friday !
Génération Écologie se bat depuis des années sur le sujet, sa coordinatrice nationale Delphine Batho a fait inscrire son interdiction dans la loi. Mais rien ne bouge !
Alors à défaut de pouvoir faire original, faisons le point sur l’histoire et les conséquences du Black Friday.
L’histoire du Black Friday
Le terme « Black Friday » apparaît dans les années 1960 à Philadelphie. À l’origine, les policiers utilisaient ce terme pour décrire le chaos routier et la foule envahissant les rues au lendemain de Thanksgiving célébré le 4ème jeudi de novembre. Il n’était donc pas associé aux soldes, mais à l’intensité du trafic sur les routes.
Puis, il est entré dans le langage des commerçantes et commerçants, là encore le terme de “Black Friday” ne décrit pas encore les soldes mais bien le passage du rouge (déficites) au noir (profits) des entreprises qui font leur chiffre d’affaire grâce aux achats de fin d’année. “Black Friday” décrit alors le début de la saison des achats de fin d’année. Au fil du temps, le Black Friday s’est répandu à l’échelle mondiale avec l’avènement du commerce en ligne, devenant une journée majeure de promotions et de réductions dans de nombreux pays.
Aujourd’hui incontournable dans le calendrier de la commercialisation de masse, le Black Friday fait l’objet de peu de débats alors même qu’il est l’un des ingrédients qui encourage la surconsommation.
Le Black Friday, une arnaque en bande organisée
Chaque année, l’UFC-que choisir, défenseur des consommatrices et consommateurs, dénonce les pratiques frauduleuses pratiquées par les grandes enseignes à l’occasion du Black Friday.
La technique est simple : gonfler les prix dans le mois qui précède le Black Friday pour pouvoir faire apparaître légalement de fausses réductions. Ainsi, quand vous pensez faire une bonne affaire, il n’en est rien, vous auriez pu acheter ce produit au même prix quelques mois auparavant. Un exemple suffit à comprendre la mécanique :
L’UFC-que choisir a démontré que 90% des produits ne bénéficient d’aucune réduction et qu’en moyenne la réduction pratiquée est de 7,5% contre les 40%, 50% voir 60% affichés.
Alors que le pouvoir d’achat des Françaises et des Français est au plus bas, les consommatrices et consommateurs pensant profiter de bonnes affaires sont en fait les premières victimes d’une pratique organisée et coordonnée de l’ensemble des grandes enseignes.
Alors que l’inflation impacte de plus en plus de ménages, la promesse de prix bas est un leurre pour pousser à la consommation. Génération Écologie dénonce ces pratiques qui arnaquent en premier lieu les plus démunis.
Le Black Friday ou comment poignarder les commerces de proximité tout en favorisant l’importation
Les enseignes de commerce en ligne comme Amazon sont les grandes bénéficiaires de cette mascarade. En 2021, Amazon déclarait avoir vendu pour 137,4 milliards $ d’articles sur le seul week-end du Black Friday. Le résultat est visible partout sur le territoire : les entrepôts logistiques se multiplient, les petits commerces ferment, les centres-bourgs se vident, meurent peu à peu et de nombreux emplois sont supprimés. À titre d’exemple, à chiffre d’affaires équivalent les entrepôts Amazon embauchent 2,2 fois moins de salariés que les commerçantes et commmerçants traditionnels.
Les ventes du Black Friday se font majoritairement en ligne via les plateformes internationales de e-commerce. En 2023, le Black Friday avait vu les commandes en ligne augmenter de 126,3 % par rapport à une période normale. Il en va donc de même avec le transport à travers le globe entier des marchandises vers leur lieu de livraison.
Génération Écologie défend les commerces de proximité et propose la mise en place du principe d’un moratoire sur l’implantation de nouveaux entrepôts logistiques destinés aux opérateurs du commerce en ligne.
Cette course effrénée vers la consommation à tout prix a des conséquences désastreuses sur l’environnement, la société et même sur notre propre bien-être. Les soldes massives et les incitations à l’achat impulsif génèrent une surproduction de biens souvent inutiles, contribuant ainsi à l’épuisement des ressources naturelles, à la pollution et au gaspillage. Les déchets engendrés par cette surconsommation se retrouvent souvent dans nos océans, polluant l’écosystème et mettant en péril la biodiversité.
Mais le problème va au-delà de l’impact environnemental. Le consumérisme effréné du Black Friday alimente également une société de surconsommation, où l’accumulation de biens matériels prime sur les valeurs humaines et sociales. Cette quête incessante de possessions matérielles ne fait que renforcer l’égoïsme, l’individualisme et l’insatisfaction permanente, créant une spirale de frustration et de désillusion.
Le Black Friday : une pratique pourtant hors la loi
Lors de l’examen en 2019 du projet de loi relatif à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, Delphine Batho, coordinatrice nationale de Génération Écologie a fait voter un amendement qui interdit les pratiques commerciales trompeuses à l’image de celles pratiquées pendant le Black Friday.
Cette disposition, inscrite aujourd’hui dans la loi, n’a jamais été respectée et les gouvernements successifs n’ont rien fait pour en assurer l’application. Bruno Lemaire alors ministre de l’économie et des finances soulignait en 2020 que “le Black Friday est une pratique promotionnelle d’ordre privé et nous n’avons pas à nous en mêler […] Je n’ai pas la possibilité de l’interdire. Je pense surtout qu’il faut parier sur la responsabilité des commerçants, des distributeurs, on peut aider à la discussion […] mais le Black Friday c’est une opération promotionnelle c’est aux commerçants, aux distributeurs de voir entre eux quelle est la meilleure solution”
Il va de soi, et l’expérience le prouve, que les commerçants et distributeurs ne s’autorégulent pas. La course aux profits gagne donc face à la loi. La loi doit être respectée et si elle ne l’est pas, l’État est tenu de la faire appliquer.
Rompre avec le Black Friday : sortir du consumérisme pour vivre autrement
Il est temps de prendre du recul. Plutôt que de succomber aux sirènes du Black Friday et de la surconsommation, faire attention à son porte-monnaie pour privilégier une consommation responsable. Acheter moins mais mieux, opter pour des produits locaux, et durables, limiter nos achats superflus et favoriser une économie circulaire sont autant de gestes concrets que nous pouvons poser pour contribuer à un monde plus équilibré et respectueux de notre planète.
Il est temps de rompre avec la culture de la surconsommation, où le bonheur ne se mesure pas en biens matériels accumulés, mais en valeurs partagées et en respect de notre environnement.
Nous courons, nous accumulons, nous nous comparons. Nous sommes toutes et tous dans la roue du « plus, plus, plus », sans jamais nous demander si cette course effrénée nous conduit vraiment vers le bonheur. Être des hamsters dans une roue, est-ce vraiment la vie que nous voulons ?
Et si on osait s’arrêter un instant, regarder autour de nous, et se poser la question : est-ce que cette course au toujours plus nous rend vraiment plus heureux ?
La décroissance n’est pas un frein, c’est un changement de perspective. C’est l’audace de se dire que le bonheur ne se trouve pas dans la quantité de biens matériels, mais dans la qualité des relations, la richesse des expériences et l’harmonie avec la nature.
C’est se reconnecter à l’essentiel :
- Libérer du temps pour soi, sa famille et ses passions ;
- Consommer moins, mais mieux, en privilégiant la qualité et la durabilité ;
- Cultiver la solidarité et l’entraide, en créant des réseaux de soutien ;
- S’engager à vivre en harmonie avec la planète ;
- Favoriser l’autonomie et la résilience ;
La décroissance n’est pas un retour en arrière, c’est un pas en avant vers un monde plus juste, plus durable et plus humain. C’est un appel à la réflexion, à la créativité et à l’action collective. Ensemble, nous pouvons choisir de sortir de cette roue de hamster qu’est la croissance économique et de construire un avenir plus épanouissant pour toutes et tous.
Radia TIKOUK