Mayotte : tragédie nationale et état d’urgence humanitaire

17 décembre 2024

Le chaos climatique a tué massivement à Mayotte et dévasté l’île qui est en état d’urgence humanitaire absolu : bidonvilles rasés, des milliers de personnes sans eau, sans nourriture, sans abri, l’hôpital partiellement détruit, les infrastructures inutilisables, l’électricité coupée… Le bilan humain dramatique est encore inconnu. Il s’annonce comme la plus grave tragédie frappant la France depuis des décennies.

Génération Écologie exprime sa profonde solidarité envers le peuple mahorais. Nos pensées accompagnent les familles endeuillées, les blessés et toutes les victimes de cette tragédie nationale. Nous saluons le courage des secours civils et militaires, des bénévoles et des associations qui travaillent sans relâche pour porter assistance à celles et ceux qui, pour l’heure, manquent de tout.

Chaos climatique et tragédie nationale 

Cette catastrophe n’est pas un phénomène naturel isolé. Elle s’inscrit dans un contexte d’aggravation du réchauffement climatique. La violence du cyclone Chido a été dopée par la température de l’océan indien, avec 30 °C soit 1,5 °C de plus que la normale. Chido était prévisible pour quiconque prend au sérieux les alertes scientifiques sur l’effet du chaos climatique : l’augmentation de l’intensité et de la fréquence des cyclones à mesure que les températures globales augmentent est redoutée de longue date. Avons-nous oublié la violence et les conséquences désastreuses du passage du cyclone Irma à Saint-Martin en 2017 ?

Mayotte, département le plus pauvre de France, où 77 % de la population vit sous le seuil de pauvreté et 100 000 personnes logent dans des bidonvilles, est particulièrement vulnérable. Cette fragilité n’a jamais été prise au sérieux. Alors que les rapports sur les risques climatiques s’accumulent, les mesures préventives et les investissements nécessaires pour assurer la mise en sécurité de la population ont été presque inexistants. À Mayotte, les besoins fondamentaux de la population ne sont pas assurés. Le choléra a touché l’île au printemps dernier. Un tiers des habitants n’ont pas accès à l’eau potable à domicile. La sécurité n’est pas assurée. 

Ce n’est donc pas seulement l’ampleur des pertes humaines et des dégâts qui font du cyclone Chido à Mayotte une tragédie nationale. Le chaos climatique se conjugue à l’aveuglement dont notre pays a fait preuve face aux conséquences prévisibles du changement climatique sur un territoire d’Outre-mer vulnérable et abandonné par l’État. 

Urgence humanitaire immédiate

Génération Écologie appelle l’État à mobiliser tous les moyens exceptionnels pour secourir la population mahoraise. Cela inclut :  

– L’envoi de denrées de première nécessité, notamment de l’eau potable et des vivres, ainsi que du matériel médical,

– La mise en place rapide de centres d’hébergement et d’approvisionnement pour les sinistrés,

– Un déploiement logistique sans précédent pour rétablir la production d’eau potable, l’électricité, les communications et le fonctionnement des infrastructures essentielles, comme l’hôpital.  

Les moyens de l’État sont clairement dépassés. Si les capacités en pompiers, militaires et moyens logistiques ne sont pas suffisants, la France ne doit pas hésiter à faire appel à l’aide internationale.

Rebâtir un Mayotte résilient

Au-delà de l’urgence, le cyclone Chido doit marquer un tournant. Cette catastrophe souligne l’impératif de remédier à la situation sociale critique de Mayotte et de repenser le territoire face au risque cyclone/tempête. Génération Écologie propose une feuille de route pour la reconstruction et la résilience de Mayotte :  

1. Assurer la fourniture des services publics de base : écoles, centres de santé de hôpital, réseaux d’eau et d’énergie doivent être reconstruits et conçus pour résister aux événements climatiques extrêmes.  

2. Garantir la prévention des risques : développer des plans d’évacuation et de mise à l’abri, former la population aux procédures d’alerte, et bien sûr transformer radicalement l’habitat et les constructions pour mettre fin aux logements indécents et assurer à toutes et tous des conditions de vie dignes.  

3. Construire un Mayotte écologique : soutenir des initiatives économiques locales, inclusives et écologiques pour réduire la dépendance et renforcer l’autonomie du territoire.  

Il s’agit de transformer Mayotte en un territoire modèle de résilience face aux défis climatiques, tout en offrant à sa population les conditions de vie dignes qu’elle mérite.  

La solidarité inter-îles : un modèle d’espoir

Nous saluons la mobilisation des acteurs de La Réunion et des autres collectivités – associations, citoyens et institutions – qui ont répondu présent en fournissant des dons, des ressources et un soutien moral. Cette solidarité témoigne de la force des liens entre nos îles, unies face à l’adversité.

Ces actions doivent être accompagnées et amplifiées par l’État pour répondre à l’ampleur de la crise. 

En finir avec l’inaction climatique 

Après le drame de Valence en Espagne, la tragédie de Mayotte doit conduire à un changement radical  non seulement pour ce territoire, mais aussi pour toutes les régions vulnérables aux impacts du changement climatique. Génération Écologie appelle le nouveau gouvernement à  :  

– Reconnaître l’état d’urgence climatique comme une priorité absolue,

– Respecter et mettre en œuvre les engagements de la France en matière de financement pour l’adaptation des territoires exposés,

– Renoncer aux coupes budgétaires sur l’écologie,

– Réviser le projet de plan national d’adaptation au changement climatique, qui n’est clairement pas à la hauteur des enjeux de sécurité pour la population,  

– Réorienter toutes les politiques publiques pour placer la résilience écologique au centre de l’action de l’État et des collectivités locales, avec une priorité forte pour les territoires d’outre-mer. . 

Génération Écologie veut un avenir plus juste, écologique et solidaire, et exprime son soutien à toutes les initiatives visant à reconstruire un Mayotte à la hauteur de ses aspirations et de ses potentialités dans le respect de son environnement.

Vincent DEFAUD, référent Outre-mer de Génération Écologie