26 juin 2019
Le premier rapport du Haut Conseil pour le Climat dresse le constat implacable du caractère dérisoire de l’action publique engagée par la France face à l’accélération du changement climatique.
L’action doit de toute urgence changer d’échelle et de vitesse. Le Haut Conseil plaide pour une approche intégrale afin que les enjeux climatiques soient au cœur de l’action publique et des choix politiques dans tous les domaines. En ce sens, ce rapport nourrit notre plaidoyer pour l’écologie intégrale démocratique.
Dans ses recommandations concrètes, le Haut Conseil souligne que 60% des émissions nationales de gaz à effet de serre sont désormais directement liées à l’empreinte carbone de la France, par le biais de la surconsommation et des importations.
Une nouvelle approche des politiques climat doit donc prévaloir, comme le proposait la liste Urgence Ecologie lors des élections européennes, prenant en compte l’empreinte carbone et pas seulement les émissions de gaz à effet de serre sur le territoire national.
Le Haut Conseil insiste également sur le secteur du bâtiment et des transports, alors que le gouvernement s’oppose aux mesures courageuses indispensables pour éradiquer les passoires thermiques, réduire les déplacements en avion ou encore programmer la fin des ventes de véhicules essence et diesel. Il plaide également pour que la dimension sociale de la lutte contre le changement climatique soit enfin prise en considération.
A la lecture de ce rapport, on comprend que la stratégie française actuelle est bâtie sur des sables mouvants. Elle intègre par exemple des hypothèses plus qu’aléatoires sur les innovations technologiques de stockage de carbone. Elle repose également sur la capacité des milieux naturels à stocker le carbone, capacités qui, dans le contexte d’accélération du réchauffement climatique et d’effondrement du vivant, sont très incertaines.
Pire, la politique gouvernementale actuelle s’inscrit dans la continuité de celles des précédents gouvernements et ne tient pas compte de leur échec. Les causes structurelles de cette inefficacité ne sont pas analysées. C’est au travers des choix budgétaires que l’on voit la vérité d’une politique. En l’occurrence, les investissements sont toujours nettement insuffisants et l’argent public consacré aux énergies fossiles et à tout ce qui détruit le climat est toujours deux fois supérieur à celui consacré aux politiques écologiques.
Le gouvernement a été bien inspiré de mettre en place le Haut Conseil pour le Climat et de commander ce rapport. Son titre « Agir en cohérence avec les ambitions » est à lui seul un programme qui inflige un démenti cinglant à la politique du « en même temps » qui prétend agir ET pour le climat ET pour la croissance économique. On peut douter que le gouvernement en suive les recommandations tant elles remettent en cause la fable de la « croissance verte » et de toutes les conceptions cosmétiques de l’écologie.