Jean Michel Lambert : «Arrêtons de passer pour des écolos bobos !»
LE SCAN POLITIQUE - L'écologiste François-Michel Lambert s'en prend à la pétition lancée par la députée européenne EELV Michèle Rivasi contre le rejet de «boue rouge» en Méditerranée.
«Arrêtons de passer pour des écolos bobos!»
Le coup de gueule vient d'un député écologiste. Sur Twitter, l'élu EELV des Bouches-du-Rhône, François-Michel Lambert attaque une ligne qu'il juge trop «contestataire» dans son parti. À l'origine de cette colère?
Une pétition lancée par une de ses collègues eurodéputée contre les rejets d'une usine en Méditerranée.
Contacté par Le Scan, il précise son agacement. Sur le fond comme sur la forme. Il considère que Michèle Rivasi, eurodéputée EELV, à l'origine d'une pétition contre le rejet de «boue rouge» par l'usine d'alumine Altéo, à Gardanne (Bouches-du-Rhône), «s'autorise à mettre le feu dans un territoire où elle ne vient jamais et où elle ne connaît aucun sujet.»
Pour lui, sa collègue écologiste «fait de l'agitation écolo-bobo».
Puis François-Michel Lambert, qui incarne une ligne plus au centre d'EELV, venu de Génération Écologie, élargit sa critique à toute une partie de son mouvement. «Il est devenu insupportable que ce parti glisse vers du contestataire et non sur ce qui m'a fait entrer en politique, le slogan “agir pas gémir”. Aujourd'hui, on est dans le “gémir et pas agir”».
Des propos à l'image de cette ligne de fracture au sein d'EELV entre ceux qui auraient souhaité rester au gouvernement, et une ligne plus dure dans l'opposition. Le parlementaire considère que EELV participe au «climat délétère en disant que c'est la fin du monde et qu'il n'y a que des méchants lobbies.» Une attaque en filigrane contre Cécile Duflot? «Non, elle est plus subtile», lâche-t-il. «Elle sait faire la part des choses. Mais elle est responsable parce qu'elle a ouvert la boîte de Pandore», grince-t-il. «Son livre a encore rajouté de l'huile sur le feu. Je suis très inquiet, je retrouve un parti qui se recroqueville.»
Sur le fond, il juge «ridicule» de s'attaquer à cette usine et prendre le risque de «mettre 600 personnes au chômage». «Le résultat, ça serait quoi, d'importer de l'alumine de pays qui n'en ont rien à faire de l'environnement? C'est la plus vieille usine au monde d'alumine, qui fait un produit de qualité unique. Apple notamment vient se fournir avec cette alumine», poursuit-il, attaquant une nouvelle fois sa collègue: «Michele Rivasi n'a pas de courage, le vrai courage c'est de s'attaquer à Gaudin qui ne fait rien sur les stations d'épuration de Marseille.»
Cette position singulière de François-Michel Lambert n'est pas neuve. A plusieurs reprises, il a critiqué les choix de certains de ses collègues, regrettant qu'ils suivent Jean-Luc Mélenchon, qu'il avait qualifié de «bouffon». En avril, il se disait «abasourdi par l'immaturité de son parti».
Une ambiance crispée au sein d'EELV qui devrait se traduire par des votes dispersés lors de la prochaine grande échéance parlementaire: le vote de confiance au gouvernement de Manuel Valls. Si François-Michel Lambert incarne une ligne tentée par le «oui», d'autres ne lésinent pas sur les critiques à l'encontre du nouvel exécutif. Eva Sas, par exemple, a déjà annoncé qu'elle voterait «contre» dans une tribune cosignée avec d'autres responsables du parti. Une réunion de groupe doit se tenir mardi matin à l'Assemblée nationale pour fixer les positions des uns et des autres.