Régionales 2010 en Aquitaine : les écolos mettent la pression
Par Jean-Marc Faure
Publié le 08/03/2010 à 17h47
Bluff stratégique ou indépendance irréductible ? Le résultat du premier tour apportera la réponse.
Samedi à Pau, les patrons de la liste Europe-Ecologie ont haussé le ton à l'encontre de leurs alliés socialistes d'hier dans l'exécutif du conseil régional. « Il faut dire aux socialistes qu'un accord n'est pas écrit pour le second tour », a notamment lancé le député Vert, Noël Mamère avant d'énumérer des projets qu'ils récusent : le laser mégajoule, les nanotechnologies et la Ligne à grande vitesse (LGV), par exemple.
« Se saouler avec du pétrole »
Tête de liste régionale, l'élue verte sortante, la Girondine Monique De Marco a averti qu'elle ne transigerait pas sur le « Gouverner autrement », l'un des trois défis que propose la liste qu'elle conduit. « Aucune tête ne bouge. cela ne peut plus durer », a-t-elle insisté en dénonçant un « système présidentiel de baronnies. »
Elle a prévenu que la question de la gouvernance serait primordiale dans la négociation. Elle a regretté que les vingt régions gagnées en 2004 par les socialistes n'aient pas réussi à instituer un contre-pouvoir contre Sarkozy avant d'assurer : « Le vrai contre-pouvoir, c'est Europe-Ecoloqie. »
Monique De Marco a également développé les deux autres défis de la liste. Pour elle, « Réorienter vraiment », c'est revoir la formation professionnelle, développer l'agriculture biologique et stopper la LGV. « Anticiper enfin » permettrait notamment de créer 50 000 nouveaux emplois dans les métiers de demain. Des métiers revendiqués par Marie Bové, autre oratrice de la soirée de samedi au parc des expositions de Pau.
« Je fais partie de cette génération de trentenaires qui veulent un revenu de conversion pour les métiers de demain basés sur les énergies renouvelables. Il faut que les politiques arrêtent de se saouler avec du pétrole », a déclaré la fille du député européen du Larzac, elle-même tête de liste des écologistes en Gironde.
3 euros pour une politique linguistique
Le bon mélange, c'est celui d'Europe Écologie, a assuré pour sa part David Grosclaude, tête de liste pour les Pyrénées-Atlantiques. Alternant le français et la langue d'oc, Il refuse d'être seulement la caution occitaniste de ce rassemblement. Il revendique la dépense annuelle de trois euros par habitant pour que la Région mette en place « une vraie politique linguistique. »
Reste qu'il a insisté, lui aussi, sur la question des transports, dénonçant notamment le projet d'une nouvelle route entre Pau et Oloron : « Nous n'en voulons pas comme nous ne voulons pas de la LGV. Enterrons ces dossiers. » Il propose au contraire au maire d'Oloron de faire de sa ville une « cité exemplaire reliée par le train. »
Parmi la centaine de participants à la réunion de samedi, David Grosclaude a salué la présence des représentants du nouveau collectif pour les déplacements (CODE), né précisément du refus d'une nouvelle voie routière entre Pau et Oloron.
« Un enterrement définitif pour le Grenelle »
Au début de son propos, le député Vert, maire de Bègles, Noël Mamère a fustigé les déclarations du président Sarkozy faites le matin au Salon de l'agriculture. Ce dernier avait préconisé un allégement des contraintes environnementales pesant sur les agriculteurs. « Le Président de la République s'est empressé d'enterrer une première fois le Grenelle de l'environnement avec le plan de relance. Cette fois, c'est un enterrement définitif », s'est emporté Noël Mamère.
De gauche à droite : Marie Bové (tête de liste en Gironde), Noël Mamère (député Vert), Jacques Papon (tête de liste dans les Landes) et David Grosclaude (tête de liste en Pyrénées-Atlantiques). Samedi, les responsables d'Europe-Ecologie ont dégusté une garbure avant de monter à la tribune du hall Aragon. (Photo Nicolas Sabathier)