Discours d'Yves Pietrasanta à l'Université d'été du PS
Vendredi 28 août à 15h15 - Séance plénière / Déclarations des présidents de parti : COP 21, les Partis s’engagent.
"Rio 1992, le premier sommet de la terre, 23 ans déjà, j’y étais.
On y a inventé un mot nouveau : le mot biodiversité qui n’existait pas encore.
Je dirais qu’il y a eu un avant RIO et un après RIO. Parce que pour la toute première fois, nous, les êtres humains nous avons reconnu que, nous avions un problème dans notre relation avec la nature. Pour la toute première fois dans notre histoire nous avons compris à quel point nos activités impactaient la planète toute entière.
Après, et bien après se sont succédées de multiples conférences. Avec des résultats plutôt modestes. Maintenant, nous sommes au pied du mur. Condamnés à réussir et maitriser la hausse des températures. La Cop 21 qui se tiendra à Paris sera déterminante pour l’avenir de la terre.
Pour la préparer, l’an dernier s’est tenu à Paris un sommet des régions du monde. Et nous avons établi la feuille de route de la Cop 21, pour lui donner de meilleures chances de réussite.
Car, les grand-messes ont leurs limites et lorsque l’on veut parvenir à ses fins, il faut parfois choisir les chemins de traverse.
Les grandes réunions planétaires fixent les objectifs, un cadre général. La mise en œuvre c’est une toute autre chose.
En France, nous avons les deux fers au feu. La grande conférence internationale COP 21 qui fixera les objectifs et une incontestable expertise territoriale qui nous permet de transposer les objectifs en actions concrètes de terrain.
Mais pas seulement, ce que nous faisons, dans nos territoires, c’est mettre au point des modèles.
Modèles d’efficacité énergétique et d’alternatives aux énergies fossiles. Modélisation de villes intelligentes à partir de bâtiments, de quartiers, de ville, d’agglomérations de région. Nous mettons aussi en place des modèles de collecte, de traitement et de valorisation des déchets. Des modèles d’agriculture raisonnée voire bio.
C’est là, dans toutes ces activités qui souvent n’existent pas encore que se trouvent les solutions à la crise de la destruction de l’emploi industriel. Les emplois verts de la transition énergétique, une chimie nouvelle non toxique issue de biomasse, des techniques agricoles respectueuses, là se trouve l’avenir industriel des pays super développés.
Et oui, comme élus écologistes, nous sommes engagés dans les faits, dans les actes et pas seulement en paroles dans la maîtrise du climat, la défense de la biodiversité, l’innovation au profit de la conversion écologique de la société une économie en adéquation avec la nature et le respect des droits sociaux des hommes, bref, ce que l’on nomme le développement durable.
Nous avons cette expertise. Nous sommes déterminés à la valoriser. Et ma foi ce n’est pas aussi simple que cela. Les habitudes ont la vie dure et les lobbies sont attachés à défendre des industries et des procédés qui appartiennent au passé. On sait que notre pays peut passer à une énergie entièrement renouvelable. Une récente étude de l’ADEME le démontre. Si nous ne le faisons pas, nos hésitations se répercuteront sur les générations futures.
La Cop 21 c’est, pour nous écologistes, une chance offerte à l’humanité de faire régner un nouvel ordre économique mondial. La troisième révolution industrielle. La maîtrise de l’augmentation globale de la température du globe est une condition nécessaire mais loin d’être suffisante pour assurer la survie de l’écosystème humain lequel est subordonné aux écosystèmes globaux de la planète.
Ce qui ne laisse pas d’inquiéter c’est l’aggravation constante des inégalités au niveau mondial. La concentration des richesses dans les mains d’un nombre de plus en plus restreint d’individus tandis que le plus grand nombre s’appauvrit. Un tel phénomène s’est déjà produit dans le passé et a provoqué l’effondrement des civilisations concernées. Aujourd’hui, dans une économie mondialisée, c’est la planète entière qui est menacée par ces distorsions de développement, de richesse, de protection sociale, de niveau de vie.
Car l’erreur voyez-vous, c’est considérer que l’on peut vivre dans un monde en croissance permanente. Il n’y a plus de croissance possible dans nos pays super industrialisés. Les économies occidentales ont atteint le seuil au-delà duquel il devient de plus en plus difficile de produire de la richesse. Pour pailler ce handicap et rétribuer l’insatiable minorité qui en veut davantage encore, nous avons développé une économie de spéculation qui donne l’illusion mais l’illusion seulement de créer de la richesse quand on ne crée plus que de l’argent. Un artifice stérile.
La Cop 21 doit accoucher d’un nouvel ordre économique mondial. La deuxième révolution industrielle a vécu. Il n’y a pas de retour en arrière possible. Nous sommes à l’aube d’une troisième révolution industrielle. Une révolution industrielle se produit avec l’avènement d’une nouvelle source d’énergie et de nouveaux moyens de communication. La première révolution avec le charbon, le chemin de fer et le télégraphe. La deuxième avec le pétrole, l’automobile la radio et la télévision. La troisième est déjà née avec les énergies renouvelables et les technologies de la communication issues de l’internet. Ce nouvel ordre économique mondial implique aussi les transferts Nord- Sud ou il ne sera pas. Ce nouveau monde, inconnu, vers lequel nous sommes en train de nous acheminer doit aussi changer les lois qui régissent notre rapport à la nature. Les Verts ont pointé le bout du nez avec une proposition d’inscrire la maîtrise de la hausse des températures dans la Constitution. Je pense que cela ne suffit pas. Les circonstances, les défis à venir nécessitent de faire preuve d’ambition. Je propose à cette COP 21 d’adopter une « déclaration des droits de l’homme et des droits de la nature » qui s’imposerait, plus de deux siècles après la Révolution Française, à tous les hommes de bonne volonté soucieux de garantir l’avenir de leur espèce dans le respect des autres espèces terrestres.
Yves Pietrasanta."