Publié par Génération Ecologie

 Remake or not remake ?

Réponse à l'article paru sans Le Monde le 12 février

Certains (Le Monde 12 :02 :2016) ont voulu voir dans la nomination de dissidents d’EELV au Gouvernement un remake du soutient accordé par François Mitterrand à Génération Ecologie pour faire pièce au parti « Vert » d’Antoine Waechter qui, dans les années 1990, prônait le « ni-ni » au plan politique. C’est vrai que le conflit patent entre Manuel Valls et Cécile Duflot conduit à une situation similaire entre le parti écologiste des Verts (aujourd’hui EELV) et le Gouvernement. Mais là s’arrête la comparaison car la situation des dissidents d’EELV (regroupés dans l’UDE) et celle de Génération Ecologie des années 1990 n’a rien de comparable.

En premier lieu parce que les leaders de Génération Ecologie conduits par Brice Lalonde, ancien directeur de campagne de René Dumont à la présidentielle de 1974, étaient plus connus que les leaders des Verts de l’époque pour ne citer que H.Tazieff, J.L. Borloo, N. Mamère , H. Désir, Y. Pietrasanta ou autres.

Ensuite parce qu’ils n’étaient pas des dissidents d’un autre parti écologiste mais les fondateurs d’un parti déjà associé au centristes de l’époque (en l’occurrence le mouvement radical de Gauche de Michel Crépeau, premier occupant d’un ministère de l’écologie).

Enfin parce que le vote écologiste des années 1990 se situait autour des 10% et que les sondages (BVA- Paris Match de 1995) accordaient à Génération Ecologie 6% des intentions de vote contre 5% aux Verts ; ce qui n’est pas le cas de l’UDE (Union des Ecologistes) face à EELV aujourd’hui.

Jean-Vincent Placé et ses amis se retrouvent en fait dans la situation d’Antoine Waechter lors de la création du MEI (Mouvement Ecologiste Indépendant) à la suite de son départ du parti Vert (en 1994). En fait, le MEI n’a pas pu se constituer un électorat en dehors des écologistes traditionnels qui sont restés attachés au parti des « Verts ». En effet, contrairement aux électeurs des partis politiques classiques qui sont sensibles à l’écologie, mais qui votent pour leur parti traditionnel, les écologistes qui votent pour les Verts sont peu politisés ou bien restent accrochés à leur rêves de jeunesse même si, comme dans la chanson de Jacques Brel sur les « Bourgeois », ils sont devenus des notables entre-temps. La baisse d’audience d’EELV vient du fait que cette catégorie des « écolos bobos » s’éclaircit avec l’âge et que les jeunes, théoriquement plus sensibles à l’écologie, ont moins envie d’aller voter. Or, sans électorat il n’y pas de parti politique efficace.

En fait on ne peut pas savoir si l’opération menée par l’Elysée et Matignon pour éviter un candidat d’EELV à la prochaine élection présidentielle portera ses fruits, mais ce qui est certain c’est que l’ensemble de l’Ecologie politique en sera gravement affecté. Les électeurs potentiels n’en retiendront que les disputes entre factions écologistes et non que les écologistes sont à l’origine des mesures actuelles en faveur de l’Environnement y compris celles programmées par la COP 21. Tous risquent d’être discrédités d’autant plus que c’est Ségolène Royal qui met en œuvre le programme de Génération Ecologie des années 2000 et non des membres issus des partis écologistes.

Dans ces conditions seul un Parti écologiste indépendant des querelles internes à EELV, peut encore attirer les citoyens s’il est capable des réunir des écologistes reconnus pour leurs compétences et leurs réalisations dans ce domaine comme Nicolas Hulot, Denis Baupin, Corinne Lepage, Y. Pietrasanta ou France Gamerre.

Dans le domaine de l’écologie politique comme ailleurs, l’histoire ne se répète pas malgré des similitudes apparentes. Non, l’opposition UDE/EELV n’est pas un remake, vingt ans après, de l’opposition entre Génération Ecologie et les « Verts ».

Michel Villeneuve,

Vice-président de Génération Ecologie.

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