15 mars 2019
Des charniers de dauphins mutilés ont encore été découverts aujourd’hui aux Sables d’Olonne et à Saint-Gilles-Croix de vie. Avec plus de 700 échouages sur les côtes Atlantiques selon l’ONG Sea Shepard, 2019 bat tous les records. Il ne s’agit que de la partie visible de cette hécatombe puisque les scientifiques estiment que seulement 20% des dauphins tués s’échouent sur les plages, tandis que 80% coulent vers le fond. Ce qui porterait à environ 4000 le nombre d’individus morts dans l’année.
Selon l’observatoire PELAGIS qui rassemble les programmes d’observation et d’expertise sur la conservation des populations de mammifères et oiseaux, la plupart des animaux portent des traces de capture accidentelle liées aux filets de pêche (traces de maillages), soit des traces de manipulations causées par la remonté à bord des navires (fractures, amputations antérieures à l’échouage).
Depuis l’interdiction totale, en Europe à partir de 2002, des filets maillants dérivants, une autre forme de pêche non sélective, celle des chaluts pélagiques, est selon PELAGIS, le principal responsable du massacre des dauphins. En effet, contrairement aux filets maillants dérivants dont les mailles étaient dimensionnés pour la pèche au thon, les filets pélagiques tirés par deux chalutiers raclent le fond des océans en ramassant tous types de poissons alors qu’ils sont censés ne récolter que des bars. Les contrôles sur ces chalutiers sont rares puisque, contrairement à de nombreux pays qui surveillent ce type de pèche non sélective, la France laisse le choix au pécheurs de refuser tout contrôle indépendant. Si bien que seules les statistiques fournies par les comités de pêche font foi de l’absence de prises de dauphins dans leurs filets ! Il en est de même pour les « Pingers », sorte d’avertisseurs destinés à éloigner les dauphins, qui seraient efficaces à 65% d’après une étude des pécheurs eux-mêmes, mais à l’efficacité quasiment nulle selon les scientifiques. D’après les spécialistes, de nombreux chalutiers ne les utilisent pas. La question est de savoir pourquoi les autorités ne réagissent pas face à une pratique qui met en danger la survie de cette espèce de Cétacé très proche de l’homme. Encore un puissant lobby ?
Aujourd’hui, sachant que nos espèces marines font face aux menaces du changement climatique, de la pollution par les plastiques, de la dégradation de leur habitat, de l’acidification et du réchauffement des mers et océans, permettre la surpêche industrielle et la pêche destructrice est, pour Génération Ecologie, un non-sens écologique. Il est urgent d’agir !
Il est nécessaire que des études scientifiques indépendantes soient menées concernant l’impact des chaluts pélagiques sur l’écosystème et sur les stocks halieutiques. Mais il est surtout urgent de prendre des mesures d’ordre public environnemental pour obliger ces pécheurs à adopter un autre type de pèche, réellement sélective et respectueuse de la vie marine.
Alors que France Nature Environnement et Sea Shepard dénoncent depuis des semaines le massacre des dauphins, le gouvernement reste particulièrement passif. Des « groupes de travail » avaient été mis en place par l’Etat en 2017, et depuis… presque rien. Un nouveau plan d’action est annoncé pour bientôt. En France, les « captures accidentelles » des espèces protégés par les engins de pêche sont légales. Les prises « accessoires » ne sont considérées que comme un dommage collatéral et les données de captures ne sont, en pratique, pas obligatoires. C’est en premier lieu à ce laxisme qu’il faut mettre un terme.
Myriam Gandolphe, Michel Villeneuve