04 avril 2019
Selon un rapport du PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement) publié le 13 mars dernier à Nairobi, plus rien ne peut sauver la banquise Arctique. Elle devrait disparaitre l’été à partir de 2030 et définitivement vers la fin de ce siècle. Avec une augmentation de température en hiver estimé entre 3 et 5° C vers 2050 par rapport aux températures de 1986 à 2005, ce n’est pas une grande surprise puisque le réchauffement climatique est plus élevé au pôle Nord qu’ailleurs.
Lors du dernier hiver, les températures du pôle Nord étaient positives, c’est-à-dire au dessus de 0°C. Même si on arrêtait d’émettre du CO2 aujourd’hui, on n’interromprait pas cette hausse de température car le CO2 dans l’espace à une durée de vie d’un siècle. Certains spécialistes prévoient même une hausse de température jusqu’à 9°C vers 2080 avec la libération des gaz emprisonnés dans les glaces. En effet, le pôle Nord est une des zones les plus sensibles au réchauffement car les glaces libèrent du méthane (gaz à « effet de serre » 25 fois plus puissant que le CO2) et la déglaciation du pergélisol libère à la fois du CO2 et du méthane. De plus les eaux sombres libérées des glaces absorbent mieux les rayons de soleil que la banquise et donc contribue à la montée du thermomètre. Cette fonte de la banquise n’est pas un fait nouveau puisque déjà 40% de sa superficie à disparue depuis 1980 à raison de 10% par décennie, mais c’est un phénomène qui s’accélère avec un record en 2012. Son épaisseur est passée de 3 à 1 mètre pendant la même période. Les conséquences de cette fonte des glaces dépasseront les limites du cercle Arctique. En effet, la partie Groenlandaise de cette banquise qui repose sur la terre ferme devrait contribuer à une hausse significative du niveau des mers, contrairement à la partie de la banquise qui repose sur la mer, qui elle n’a aucun impact sur ce niveau marin.
Cette banquise est le moteur principal du Gulf Stream qui réchauffe les côtes atlantiques de l’Europe en hiver. En effet, c’est la banquise qui, en refroidissant l’eau de mer, la rend plus lourde et la fait plonger vers le fond de l’océan Atlantique, entretenant ainsi la mobilité du courant. Donc, plus de banquise signifie l’arrêt du Gulf Stream avec pour conséquences un effet inverse des effets climatiques actuels, c’est-à-dire plus de douceur sur la cote des Etats-Unis et plus de rigueur sur les côtes européennes.
Cette nouvelle étude confirme qu’un point de non retour de plus a été atteint en matière de réchauffement climatique. La banquise est une des premières victimes de la non-application de l’Accord de Paris pour la climat. Et si, selon le GIEC, nous disposons d’une fenêtre d’action d’encore 12 ans pour limiter le réchauffement global à 2° C, voire 1,5° C, ce sera évidemment trop tard pour l’Arctique.
Michel Villeneuve, délégué scientifique de Génération Ecologie