Ecologie = Ecoféminisme : pourquoi nous ne signons pas l’appel à manifester le 10 novembre

06 novembre 2019

Nous n’avons pas été sollicités pour signer l’appel à manifester le 10 novembre contre l’islamophobie et c’est tant mieux. Tout le monde est contre le racisme anti-musulmans, ça tombe sous le sens. Est-ce là l’objet de ce texte d’appel ? Hélas non. Et nous voulons dire pourquoi, nous écologistes, estimons que cet appel ne peut être ni signé ni soutenu.

L’écologie ne peut être séparée du combat féministe.
Le combat contre le patriarcat est à la racine du combat écologiste. Depuis des millénaires les femmes sont opprimées, dominées, méprisées, au nom d’un système de valeurs qui infériorise la nature et le féminin. L’écoféminisme reconnait qu’il ne peut pas y avoir un nouvel âge de l’humanité, respectueux de l’ensemble du vivant, sans abolition du patriarcat. C’est pourquoi nous considérons comme des adversaires des écologistes les forces politiques et religieuses qui veulent maintenir l’asservissement des femmes, les prisons mentales de leur infériorisation, l’aliénation de l’injonction à cacher leur corps. 

Or sous couvert de la dénonciation d’actes tels que l’attaque de la mosquée de Bayonne, ce texte d’appel sournois qu’il faut bien lire pour le « décoder », prétend que des « lois liberticides » prévalent en France, dans une allusion limpide à l’interdiction des signes religieux à l’école ou de la burqa dans l’espace public, lois adoptées pour protéger la laïcité mais aussi les plus élémentaires principes d’émancipation des femmes. Considérer que ces lois de la République sont suffisantes en la matière est une chose, les dénoncer comme des lois liberticides en est une autre.

Nous voulons croire que bon nombre des signataires de ce texte l’ont encore mal lu, lorsque, autre exemple, cet appel dénonce une « surveillance de masse » qui « criminalise » une pratique religieuse, dans une insinuation qui vise la surveillance des mosquées salafistes par les services de renseignement autant que le fait que l’on ne puisse pas – à juste titre – travailler dans certaines professions en lien avec la sécurité nationale lorsque l’on est fiché S…

L’objet de ce texte tout entier est en fait de mélanger savamment la dénonciation légitime d’actes de racisme inadmissibles avec une banalisation de l’islamisme politique. Pas un mot se démarquant de toute forme de prosélytisme et d’intégrisme. Pas un mot pour les femmes et leur émancipation, bien sûr !

Dans l’affrontement entre l’écologie et la barbarie, l’écologie est dans le camp des femmes, de façon inconditionnelle. Nous devons combattre l’extrême-droite et les idéologies totalitaires sous toutes leurs formes, sous toutes les latitudes. Ainsi, les femmes iraniennes qui croupissent en prison parce qu’elles ont osé enlever leur foulard en public sont nos sœurs. Leur cause et celle de l’écologie sont inséparables. Nous répondrons toujours présents pour lutter contre le racisme, mais jamais dans un confusionnisme justifiant l’oppression des femmes.