13 septembre 2020
À la suite des mouvements #balancetonprof et #balancetonbahut qui visent à dénoncer les violences au sein de l’école par le biais de centaines de témoignages (agressions sexuelles, harcèlement, racisme…), les mouvements du #lundi14septembre et #liberationdu14 sont nés sur les réseaux sociaux pour manifester contre les remarques sexistes, le double standard, la sexualisation des filles et des femmes. Le but de cette action, qui a été suivie dans de nombreux lycées français, était de défendre la liberté de se vêtir comme on le souhaite en encourageant, pour cette journée du 14 septembre, les jeunes à ne pas tenir compte du règlement intérieur de leur école qui stipule que les élèves doivent porter une tenue “correcte”, “décente” ou “appropriée”. En effet, La manière dont ces règlements sont appliqués génère des contraintes et des exigences majoritairement adressées aux filles : pas de mini-jupe, pas de short, pas de débardeur, pas de nombril ni de genoux visibles, pas de décolleté, pas trop de maquillage. D’après eux, il faudrait donc invisibiliser toute une liste de parties du corps des adolescentes car elles seraient indécentes, dérangeantes ou excitantes, et provoqueraient la déconcentration des professeurs ainsi que des camarades de classe.
Que des parties du corps d’adolescentes mineures soient jugées “sexy” par des adultes pose question.
Rappelons d’une part que nous parlons d’adolescent.e.s mineur.e.s pour la grande majorité. Le fait, pour des adultes, de juger des parties de leur corps trop “sexy”, est donc à questionner. Ce phénomène, qui s’appelle l’hypersexualisation ou sexualisation précoce, a de lourdes conséquences sur les jeunes, sur leur rapport au corps, l’estime de soi, la banalisation des violences sexuelles etc.
En alimentant dès le plus jeune âge, l’idée que la femme doit se couvrir pour échapper aux envies incontrôlables de l’homme, on alimente la culture du viol (concept sociologique qualifiant un ensemble de comportements d’une société qui banalise, minimise voire encourage les violences sexuelles). On exerce une pression culpabilisante sur ces adolescentes, jeunes filles et femmes, qui finissent souvent par s’adapter aux normes d’un système patriarcal ne les considérant qu’à travers leur physique, les poussant à se sentir coupables lorsqu’elles subissent une agression sexuelle.
Aussi, ne sommes-nous pas en train de traiter le problème dans le mauvais sens ? Ne devrions-nous pas apprendre à chacun à respecter et à ne pas sexualiser le corps des autres ? C’est toute une éducation qui est à revoir, tout un système patriarcal à renverser.
La commission écoféministe de Génération Écologie apporte tout son soutien aux jeunes femmes qui se battent pour leur liberté, contre le sexisme et les stéréotypes de genre. Nous dénonçons de telles injonctions discriminatoires et sexistes, visant principalement la tenue des jeunes filles. Nous nous élevons contre le contrôle social qui s’exerce sur les corps féminins, qui les sexualise et les ramène au rang d’objet.
S’affranchir des stéréotypes du corps féminin provoquant et de l’homme soumis à des pulsions irrépressibles.
Nous voulons que les femmes puissent s’affranchir du corset patriarcal qui leur impose de se couvrir telle ou telle partie du corps ou encore de correspondre à des standards de beauté. Qu’elles puissent exister, agir, se déplacer sans avoir à craindre les remarques, les insultes, les agressions qui seraient causées par leurs tenues. Nous rappelons que les femmes ne sont pas responsables des agressions et harcèlement qu’elles subissent.
Nous soulignons donc l’urgente nécessité d’éduquer au respect des corps, des genres et des sexualités et pensons qu’au lieu de reproduire des schémas sexistes, l’école doit au contraire participer à cette éducation.
Marie-Alix Maes et Laura Senelier
Commission écoféminisme de Génération Écologie