Génération Écologie rejoint l’action en justice contre l’extension et la privatisation du port de Commerce de Port-la-Nouvelle dans l’Aude

07 juin 2021

La Région Occitanie a lancé un projet d’extension considérable du port de Port-la-Nouvelle dans l’Aude, petit port historique du littoral méditerranéen situé entre Sète et Perpignan, dont la rade a la caractéristique d’englober l’embouchure du chenal garantissant les échanges entre l’espace maritime et le grand espace lagunaire des étangs de Bages et de Sigean.

De très nombreux intellectuels, syndicalistes, militants associatifs, écologistes et politiques (parmi lesquels Delphine Batho dès 2019) ont essayé de s’opposer à la réalisation de cette immense rade portuaire qui met en danger ce précieux espace lagunaire au profit d’un projet industriel et économique mal conçu, menaçant gravement l’équilibre financier futur de la Région Occitanie. Et, comble de l’absurdité, en ces temps où toutes nos ressources publiques devraient être mobilisées sur la nécessaire transition écologique et climatique, ce projet portuaire vise à développer des trafics maritimes radicalement climaticides et écocides : hydrocarbures, agrocarburants, engrais chimiques, bois exotiques et soja venant d’Amérique du Sud, céréales venant d’Amérique du Nord et à destination de l’Espagne !

Depuis l’origine, ce projet avance masqué derrière deux autres activités que la Région souhaite développer dans ce nouvel espace portuaire et ses zones logistiques attenantes : la construction d’éoliennes “off-shore” et la production d’hydrogène. C’est le développement de ces deux activités qui permet à la Région Occitanie de présenter ce nouveau port commercial comme le “Port de la transition écologique”. Depuis l’origine, nous sommes plutôt favorables au développement de ces deux activités, mais nous souhaitons qu’elles soient mises en oeuvre en minimisant leur impact écologique destructeur et leur impact carbone de bout en bout. Ceci n’a pas été le cas dans la mise en oeuvre de ce projet.

La première manche de ce combat a été perdue et la construction de plus de 3 km de digues nouvelles sur l’espace maritime mobilisant plus de 4 millions de tonnes de matériaux de carrière et de béton est en cours…

Aujourd’hui, la deuxième manche de ce combat commence et ses enjeux sont considérables

Suite à un appel à candidatures, la Région Occitanie a décidé de confier à un consortium d’opérateurs privés la conduite des phases ultérieures d’aménagement de cet espace portuaire ainsi que sa future exploitation commerciale. Cette décision de Délégation de Service Public est entachée d’irrégularités graves au regard des fondements de nos règles démocratiques, elle conduira notre Région à subventionner, de fait, des échanges maritimes dont les dimensions écocide et climaticide sont avérées. 

De plus, elle pénalisera et mettra en risque son équilibre financier et la privera durablement de précieux moyens pour protéger ses citoyennes et citoyens et pour investir sur des projets pertinents, face aux risques climatiques et écologiques qui vont aller croissant.

Enfin, les activités prévues au titre de ce contrat de Délégation de Service Public vont accumuler, sur un périmètre géographique trés limité un nombre ahurissant de risques industriels d’incendies et d’explosions de grande ampleur. 

En application de ce contrat, sept sites classés SEVESO et deux sites classés ICPE (Installation classée pour la protection de l’environnement) vont cohabiter dans l’espace réduit du futur site portuaire de Port-la Nouvelle : stockage et manipulation d’hydrocarbures, de gaz, d’engrais azotés, d’hydrogène, de Pet-Coke, silos de céréales ! Une simple négligence dans l’une de ces activités pourra conduire à une catastrophe industrielle comparable à l’explosion récente du Port de Beyrouth ou à l’explosion de l’usine AZF, il y a quelques années en région toulousaine.

Face à ces irrégularités et à l’absurdité d’un tel projet, plusieurs organisations politiques, syndicales et associatives se sont regroupées pour engager un recours en justice visant à l’annulation de ce contrat de Délégation de Service Public.

Dans cette action, Génération Écologie sera aux côtés des acteurs de terrains : citoyennes et citoyens, asociations, partis politiques. Nous appelons chacune et chacun à se mobiliser contre ce projet destructeur aux conséquences irréversibles. Nous pouvons réorienter ce projet industriel et portuaire vers des activitès porteuses d’équilibre et d’avenir pour bien négocier le virage climatique et écologique qui aujourd’hui s’impose à nous. Les irrégularités du contrat de Délégation de Service Public peuvent l’annuler.

Bertrand Claverie