La COP15 ou comment oser ne pas agir pour la biodiversité

09 décembre 2022

A peine sortis de la COP27, nous voici à Montréal avec la COP15 à l’agenda. Comme à chacune de ces COP, on le sait déjà, nos dirigeants vont verser des larmes de crocodile sur l’état du monde et pendant dix jours, les violons vont pleurer. Après le climat, c’est maintenant la biodiversité qui va faire les frais du surplace criminel de toutes ces COP.  

Une Biodiversité en bien piteux état

Quel que soit le bout par lequel on prenne la biodiversité : le nombre d’espèces, leur richesse génétique, leurs interactions au sein de tous les écosystèmes (aérien, terrestre ou aquatique), le constat des scientifiques est absolument sans appel : nous assistons à un effondrement proprement effroyable. Sur les 8 et plus millions d’espèces estimées être présentes sur la planète, 1 million au moins sont désormais en voie de disparition accélérée. De fait, nombres des espèces vivantes seront disparues avant même d’avoir été identifiées ! 

Les causes de l’effondrement de la biodiversité sont connues

En plus de dresser ce constat, les scientifiques nous disent que sans ambiguïté les activités humaines sont la principale cause de cet effondrement. En effet, celui-ci est lié très directement aux changements d’utilisation des terres, à l’artificialisation des sols, à la pollution et au changement climatique. Avec la destruction des écosystèmes marqueurs de la biodiversité et l’appauvrissement des couverts végétaux qui réduisent d’autant les capacités d’absorptions en particulier du CO2, un cycle infernal est désormais en action, amplifiant d’autant le changement climatique, qui lui-même affectera en retour la biodiversité, la vie voire la survie des espèces animales : en réalité, parler Biodiversité ou Climat, c’est bien parler de la même chose. 

Une passivité criminelle en France comme dans le monde

Pourtant à ce jour, malgré l’urgence qui prend désormais la Terre et ses occupants à la gorge, humains y compris, nos dirigeants en toute connaissance de cause et par lâcheté politique tournent autour du pot. Et nous ne parlons pas ici de nos voisins, proches ou lointains, bien sûr toujours coupables : en France même, c’est véritablement une honte ! Notre pays reste en Europe le plus grand consommateur de pesticides, ces pesticides dont Génération Écologie ne cesse de demander le retrait. Comble de l’ignoble et de l’immoralisme, la France exporte toujours dans le monde entier des pesticides qui empoisent la nature et les populations, des pesticides qu’elle interdit sur son propre sol. Ce sol, parlons-en : les cinquante dernières années ont vu en France, comme dans beaucoup de pays du monde, son artificialisation plus rapide que jamais, réduisant d’autant l’espace dévolu à la vie sauvage. A la clef, un contact accru avec ce monde sauvage, dont nul ne sait réellement ce qu’il pourra nous réserver dans l’avenir, comme nous avons pu l’expérimenter avec le coronavirus Sars-Cov-2 responsable du Covid. Un constat : en France la gestion du territoire n’est pas beaucoup plus brillante et rien ne semble pouvoir s’opposer aux besoins destructeurs sans cesse croissants de notre société démesurément énergivore. Même le développement d’alternatives comme celle des parcs éoliens, si insuffisants en France, peuvent, dans certains territoires où ils sont trop concentrés, s’avérer barbares, affectant les paysages mais aussi constituant une arme nouvelle contre la biodiversité comme dénoncé récemment par Delphine Batho, députée Génération Écologie à l’Assemblée nationale.       

Sur tous ces sujets, hors des beaux discours et des COP, un seul critère semble être retenu dès qu’il s’agit de prendre des décisions : gagner toujours plus d’argent. Tous ne s’y trompent pas, qui font le siège en ce moment de la COP15, comme les industriels des pesticides réunis dans le lobby représenté par le consortium CropLife qui ose se montrer ces jours-ci à la réunion de Montréal. 

Ras le bol, la COP est pleine, rejoignez-nous !

Cette COP15 d’ailleurs on en parle, mais si peu en regard de l’urgence absolue. Au mieux quelques beaux discours accompagnés de mesurettes en sortiront, véritable nuage de fumée pour cacher l’inertie irresponsable de nos dirigeants. Il est grand temps d’analyser et de véritablement dénoncer le mécanisme qui sous-tend la catastrophe en cours touchant la biodiversité et le climat : la croissance aveugle, absurde et assassine, de nos sociétés humaines, qui apporte toujours plus de malheur à tous les occupants, humains ou non, de la planète Terre.   

Pierre Rustin