13 mars 2023
« Qui aurait pu prédire » le manque d’eau, conséquence du réchauffement climatique avéré depuis trois décennies ?
Le phénomène est récurrent en période estivale dans certaines régions. Mais cette année, le manque d’eau se généralise et s’intensifie sur tout le territoire. En cause, nos activités agricoles, industrielles et nos modes de vie. La faute aussi à la croyance partagée par nombre de nos concitoyennes et concitoyens que les ressources naturelles comme l’eau douce, le bois, les minéraux, etc. sont disponibles en quantités infinies sur la planète.
Les 9 limites planétaires, c’est-à-dire les seuils que l’humanité ne devrait pas dépasser pour continuer à vivre dans un écosystème sûr, sont franchies les unes après les autres. La 6ème limite planétaire, celle de l’eau verte, a été officiellement franchie avant 2022.
Les signes sont là : l’été 2022 a été traversé par 3 canicules qui ont causé des incendies d’une ampleur jamais vue en Gironde et ailleurs, et des milliers de morts prématurées en France (entre 2826 d’après Santé Publique France et 11 000 d’après l’INSEE).
Depuis, aucune mesure drastique pour éviter de futurs drames n’a été prise. L’hiver s’achève et aura été particulièrement sec, laissant les nappes phréatiques au plus bas. Sans un retour de la pluie très rapidement, l’eau douce manquera indéniablement cet été et les prochaines années, dans la plupart des régions.
Des mesures claires et rapides de gestion et de conservation de l’eau sont indispensables.
Mais le gouvernement et ses représentants continuent à opposer croissance du PIB et retour dans les limites planétaires. Seules des actions de crise sont envisagées et aucun plan de sauvegarde de l’eau à la hauteur des enjeux n’est proposé.
Or le problème est global et les réponses apportées doivent l’être aussi.
Il est temps d’agir ! Le gouvernement doit innover, changer de cap, prendre des actions concrètes et efficaces en se dotant d’une réglementation forte pour partager les usages essentiels de l’eau en appliquant le principe “éviter-réduire-recycler” :
- Réguler l’accès à l’eau douce et diminuer les volumes de consommation agricole, industrielle, dédiés à l’aménagement du territoire, aux installations de productions d’énergies et les usages domestiques ;
- Accompagner à la transition agricole et industrielle pour des usages moins consommateurs d’eau ;
- Démocratiser le partage de l’eau : considérer l’eau comme un bien commun pour en changer la gouvernance ;
- Faire évoluer les services de l’État pour revoir les politiques d’aménagement des territoires et stopper l’artificialisation des sols ;
- Stopper la pollution chimique de l’eau ;
- Accélérer le recyclage de l’eau pour certains usages industriels ;
- Investir dans le renouvellement des réseaux pour limiter les fuites et adopter des systèmes séparés selon les usages ;
- Adopter une comptabilité intégrée ou universelle de façon à tenir compte de la valeur de l’eau et des impacts de son utilisation par les acteurs économiques ;
- Attribuer une entité juridique à nos fleuves et rivières pour mieux les préserver et reconnaître le crime d’écocide ;
- Sensibiliser les citoyennes et les citoyens sur le caractère unique de l’eau, ses usages à domicile mais aussi via l’alimentation et la production en général.
Acter la décroissance de nos consommations d’eau nous permettra de respecter au mieux la ressource en eau. De notre gestion lucide et responsable de cette ressource dépend notre sécurité !
Virginie Delaunay, Catherine Chevauché et Cécile Faure pour la Commission Eau