Rapport du GIEC : décroître ou périr

21 mars 2023

Le GIEC vient de publier la synthèse de son 6ème rapport. Il résume l’état des connaissances sur le changement climatique, ses impacts et ses conséquences pour l’humanité. Il traite également des leviers pour agir afin de l’atténuer et s’y adapter. Il intègre les principales conclusions du sixième rapport d’évaluation. Les résultats sont formulés sous forme d’énoncés de faits scientifiques reconnus et approuvés les délégations de 195 pays.

Génération Écologie salue l’énorme travail accompli par la communauté scientifique internationale depuis huit ans pour élaborer les différents volets du 6ème rapport d’évaluation du GIEC sur le changement climatique. Les conclusions de ces travaux sont incontestables et implacables. Elles ne sont pas nouvelles : “Le changement climatique est une menace pour le bien-être de l’humanité et la santé de la planète. Il existe une fenêtre d’opportunité pour garantir un avenir vivable et durable pour tous, qui se ferme rapidement.”  Ou encore : « Les choix et les actions mises en œuvre pendant cette décennie vont avoir des impacts maintenant et pour les milliers d’années à venir.”

Si cette synthèse insiste sur ce que nous savions déjà, elle établit également que :

  • Le climat mondial s’est réchauffé de 1,1 °C depuis la fin du XIXe siècle avec pour conséquences directes la baisse de la sécurité alimentaire et de l’accès à l’eau, la perte de vies humaines, l’extinction de centaines d’espèces, la survenue de maladies, l’augmentation du nombre et de l’intensité des événements climatiques extrêmes. Ces événements placent la moitié de la population mondiale en contexte hautement vulnérable et entraînent des déplacements de population croissants.
  • Le climat mondial atteindra les 1.5° vers 2030-2035, et sans mesures immédiates et radicales pour réduire nos émissions nettes de gaz à effet de serre, le monde se dirigera vers un réchauffement de 3,2°C en 2100.
  • Les impacts du réchauffement climatique sont plus graves que prévu, et plus importants encore dans les pays qui n’ont que peu contribué aux émissions de gaz à effet de serre. Ils s’intensifient à mesure que la concentration en gaz à effets de serre augmente, certains de façon irréversible.
  • Des changements profonds dans l’atmosphère, l’océan et la biosphère se produisent. Le changement climatique d’origine humaine affecte déjà de nombreux phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes dans toutes les régions du monde. La raréfaction de la ressource en eau entraîne toujours plus de conflits d’usages entre agriculture, industrie, consommation des citoyennes et des citoyens.
  • Le changement climatique affecte directement et indirectement les écosystèmes et la biodiversité, provoquant des effets pervers d’aggravation (disparition des coraux), et mettant à mal notre sécurité alimentaire (raréfaction des pollinisateurs).
  • Nos options d’adaptation réalisables et efficaces aujourd’hui vont aller en s’amenuisant avec l’augmentation du réchauffement climatique. La santé et la sûreté humaines sont menacées tout autour du globe à cause de l’inaction face au changement climatique. Les mauvais choix dans l’adaptation peuvent amplifier les effets du réchauffement climatique.
  • Les mesures d’adaptation et d’atténuation du changement climatique sont plus efficaces lorsqu’elles sont planifiées, conduites de façon flexibles, multisectorielles, inclusives et lorsqu’elles sont pensées sur le long terme. Il faut pour les accomplir, rehausser l’engagement politique, les financements et la coopération internationale.

Pour le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres : « La bombe à retardement climatique est en marche, mais le dernier rapport du GIEC montre que nous avons les connaissances et les ressources nécessaires pour faire face à la crise climatique. Nous devons agir maintenant et assurer une planète habitable à l’avenir. »

Pour Génération Écologie, cette synthèse des connaissances confirme l’urgence d’organiser rapidement la décroissance et de préparer notre résilience. Ce qui doit être à l’ordre du jour c’est la suffisance, que le GIEC définit comme « un ensemble de mesures et de pratiques quotidiennes qui évitent la demande d’énergie, de matériaux, de terres et d’eau tout en assurant le bien-être humain pour tous dans les limites planétaires « . Décroître implique de sortir du tout-fossile, d’atteindre zéro émissions net de gaz à effet de serre le plus rapidement possible, de diminuer drastiquement nos consommations d’énergie, d’eau et de matières premières. Cela peut se faire uniquement en optimisant la machine monde actuelle. Il nous faut déconsommer, renoncer à nombre de choses inutiles pour mieux protéger l’essentiel, régénérer les écosystèmes; et cela sans attendre ! Décroître, comme l’énonce le GIEC lui-même est l’unique chemin qui nous assurera de vivre et non simplement de survivre.

Cécile Faure, Anaïs Widiez, Abel Cuvidad et Alexandre Florentin