29 mars 2024
« Il fait toujours beau au-dessus des nuages. Mais moi si j’étais un oiseau, j’irais danser sous l’orage. Je traverserais les nuages comme le fait la lumière. J’écouterais sous la pluie, la symphonie des éclairs » chante Zaho de Sagazan.
Stratus, cumulonimbus, cirrus et autres altocumulus, composés de gouttelettes d’eau ou de cristaux de glace, en extension verticale ou horizontale, étagés à différents niveaux de la troposphère, blanc immaculés, transparents ou sombres et menaçants, nous célébrons en ce 29 mars la journée internationale des nuages. Une journée qui n’a pour l’instant strictement aucun statut officiel, mais qui, au milieu du tumulte d’actualités peu réjouissantes, invite à penser les nuages comme sujet poétique et politique.
Faut-il un statut juridique pour les nuages ? C’est la question à laquelle invite l’écrivain Mathieu Simonet, auteur de La fin des nuages, à laquelle nous répondons oui, sans aucune hésitation.
Nous aimons les nuages. Vue de l’espace, la planète bleue en est couverte à plus de 60%. Sur Terre, regarder les nuages dans le ciel invite à la rêverie. Observer les nuages, c’est chercher à décrypter le temps du lendemain, deviner le prélude du vaste univers, s’amuser par analogie à imaginer des formes, des symboles, calculer la vitesse des vents d’altitude… Bref, contempler les nuages fait entrer dans la conscience d’être Terrestres.
Bien sûr, les nuages jouent un rôle décisif dans le cycle de l’énergie et de l’eau sur Terre. Au point d’être un véritable casse-tête pour les modèles des climatologues. Comme le souligne Sandrine Bony, directrice de recherche CNRS au Laboratoire de météorologie dynamique, « les nuages sont les principaux modulateurs du bilan radiatif terrestre » mais l’effet potentiel des changements d’organisation spatiale des nuages sur les projections climatiques reste encore plein d’incertitudes. Les nuages deviennent un sujet éminemment politique dès lors que les activités humaines de l’Anthopocène en perturbent les cycles, et qu’ils deviennent chargés de multiples polluants. Et plus encore lorsque la géo-ingénierie prétend les manipuler à coup d’ensemencement pour faire pleuvoir sur commande. Défendre les nuages comme sujet de droit, c’est lutter pour la beauté du monde.
En ce 29 mars, la journée des nuages nous invite à nous allonger dans l’herbe pour observer les nuages, les décrire et y réfléchir.
Delphine Batho