Laetitia Thomas : manger bio à la cantine, c’est possible !

23 mai 2024

Entretien avec Laetitia Thomas, conseillère municipale Génération Écologie à Faches-Thumesnil et élue à la Métropole de Lille depuis 2020. Dans cette commune de 18 000 habitants, elle a mis en place une restauration scolaire de qualité et goûteuse. Désormais, les cantines des écoles maternelles, primaires et d’une partie des collèges servent tous les jours des repas composés à 50% de produits bio, 100% locaux et de saison, et deux fois par semaine, des repas végétariens. Le tout en réduisant les déchets et le gaspillage alimentaire.
À l’inverse des orientations productivistes du projet de loi agricole en discussion à l’Assemblée nationale, cet exemple montre qu’il est possible d’agir pour une alimentation saine, bio et accessible à toutes et tous.

Quelle était la situation dans les cantines scolaires à ton arrivée à la mairie ? et as-tu travaillé pour favoriser le bio et les circuits courts ? 

Laetitia Thomas : Quand j’ai été élue au sein de l’équipe municipale, nous avions un prestataire pour la restauration scolaire dont la qualité n’était pas au rendez-vous. Or, l’alimentation est un enjeu pour la santé des enfants, mais aussi un enjeu écologique et d’éducation. J’ai proposé de chercher une solution d’alimentation bio, locale et du fait maison pour les cantines scolaires. J’ai d’abord pensé à la création d’une cuisine municipale. Mais cela aurait pris de temps et je voulais trouver rapidement une solution pour améliorer l’alimentation de nos enfants.

J’ai donc piloté le projet de recherche d’un nouveau prestataire. Avec un groupe d’élues et d’élus, les services de mairie et de restauration, les agentes et agents dédiés au traitement des appels d’offres, nous avons défini les objectifs. Nous voulions une alimentation bio, des produits locaux, des plats de qualité « fait maison », et de vrais repas végétariens. Nous avons aussi abordé cet enjeu sous l’angle des déchets et des transports. Pour cela, nous avons eu un accompagnement par l’association A pro bio, qui aide les collectivités. 

Nous avons eu l’agréable surprise qu’un prestataire local, installé dans les anciens locaux de la cuisine centrale de Faches-Thumesnil, cédés il y a de nombreuses années, réponde entièrement à notre demande : un maximum de local, 50% de bio, 100% de fait maison, avec un engagement sur les produits de saison.

Y a-t-il eu une augmentation des tarifs de la restauration scolaire ? 

Laetitia Thomas : Sur l’appel d’offres, nous avons donné plus de poids à la partie technique qu’à la partie financière. Cela veut dire que pour nous, le prix était secondaire dans la sélection. Nous savions que le coût serait plus élevé, puisque nous demandions une alimentation de meilleure qualité. Et nous avions décidé de l’assumer. 

Le prix des repas a augmenté de 20%, mais ces coûts n’ont pas été reportés sur les familles. Ils ont été pris en charge par la commune, ce qui représente un budget supplémentaire d’environ 100 000€ par an. 

Quelles ont été les réactions des enfants, des familles, des agents communaux,… ?

Laetitia Thomas : Nous avons fait des réunions avec les parents d’élèves en amont du projet pour comprendre ce qui était important pour eux. Cette participation citoyenne était cruciale à nos yeux, puisque nous avons été élus avec une liste éco-citoyenne dont c’est le cœur de la démarche. Nous avons reçu un accueil positif, les plats végétariens notamment ont été perçus comme un enjeu d’adaptation : il va falloir manger moins de viande pour diminuer notre impact sur le climat. Mais nous étions toutes et tous d’accord sur le fait qu’il fallait que ce soit bon ! 

Avec les agentes et agents, il y a eu une première phase d’accompagnement puisque les produits arrivent désormais dans des bacs en inox, donc plus lourds; ou parce qu’ils ne sont plus emballés individuellement dans du plastique. Cela a réduit considérablement les déchets, mais a demandé de nouvelles pratiques. Les agentes et agents ont apprécié le changement de qualité, qui a donné de la valeur à leur travail. 

Propos recueillis par Cécile Faure