Pollution de l’air : l’immobilisme jusqu’à quand ?

27 février 2019

Il aura fallu une semaine de pic de pollution aux particules fines pour que les préfectures d’Ile-de-France et des Hauts de France se décident à prendre quelques mesures de circulation différenciée. En Ile-de-France, le périmètre est limité à l’intérieur de l’A86 à partir du mercredi 27 février. Rien pour le reste de la région. Et presque rien sur le reste du territoire, alors que plusieurs régions (Rhône Alpes, PACA) subissent également un épisode prolongé de dépassement des seuils d’alerte de pollution aux particules fines. Seulement des incitations faites aux automobilistes à baisser leur vitesse, pas d’obligation, pas de gratuité de stationnement, pas de gratuité des transports en commun, etc.

La pollution de l’air est la troisième cause de mortalité en France. Elle provoque plus de 48 000 morts prématurées chaque année. Elle devrait être une priorité absolue de santé publique, mais le ministère de la santé est aux abonnés absents. Pas de gestion de crise anticipée, pas de décisions de moyen terme, pas d’action structurelle. L’immobilisme caractérise la politique de l’Etat et l’action publique se limite à attendre… le changement de météo !

La gestion calamiteuse de ce nouvel épisode de dépassement des seuils n’est pas une première. L’Etat n’a ni stratégie ni courage politique, alors même que la France fait l’objet d’une procédure devant la Cour de justice de l’Union européenne pour non respect des normes de qualité de l’air.

Pour Génération Ecologie, l’urgence sanitaire impose des mesures d’ordre public environnemental, qui doivent être prise de façon anticipée pour éviter le dépassement des seuils d’alerte. Nous demandons que la législation soit modifiée afin que les restrictions de circulation et toutes les dispositions contre les autres facteurs d’émission soient enfin déclenchées automatiquement, sans que l’Etat oppose une inertie coupable à la demande récurrente des élus locaux.

Surtout, les pics de pollution ne sont que la partie visible de l’iceberg de la pollution quotidienne. La pollution de fond, chronique, provoque des affections et des troubles de la santé parmi les plus graves en raison d’une exposition régulière à la pollution atmosphérique, même lorsque les seuils règlementaires ne sont pas dépassés.

La réglementation européenne est notoirement insuffisante, car elle ne respecte pas les seuils déterminés par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Ainsi l’Europe retient des valeurs limites d’exposition aux particules PM10 plus élevées que l’OMS, ne prévoit pas de valeur limite d’exposition s’agissant des particules fines PM2,5 (en moyenne journalière) et retient une « valeur cible » concernant l’ozone également supérieure à celle définie par l’OMS…

Génération Ecologie propose une révision urgente de cette réglementation pour accorder les valeurs limites d’exposition aux polluants sur les seuils définis par l’OMS.

Tous les professionnels de santé dans les grandes métropoles constatent les conséquences de la pollution, en particulier sur l’état de santé des enfants et des personnes les plus vulnérables. Les moyens de lutter contre ce fléau ne manquent pas.

Ce qui fait cruellement défaut c’est le courage politique dans le cadre d’une politique urbaine d’écologie intégrale, faisant de la santé environnementale une urgence absolue.

Myriam Petit, Déléguée en charge de la santé environnementale de Génération Ecologie