09 mars 2019
La récente étude de Santé Publique France concernant l’utilisation des pesticides par les planteurs de canne à sucre réunionnais témoigne d’une situation d’urgence sanitaire sur l’Ile de la Réunion, avec des résultats « inédits et préoccupants » selon l’agence.
Les preuves sont apportées d’une exposition chronique à des produits très toxiques pour la santé humaine. Les pesticides utilisés, classés « CMR », peuvent provoquer cancer, infertilité et perturbation du système endocrinien. Ils peuvent aussi avoir des effets sur la santé des enfants à naître alors que 25% des travailleurs exposés sont des femmes. Plus grave encore, l’exposition à ces substances dangereuses a augmenté au cours des années passées. Ainsi, 88% des travailleurs de la canne à sucre étaient exposés à au moins un pesticide cancérogène, mutagène, reprotoxique ou perturbateur endocrinien en 2010, contre 44% en 1981. La quantité de glyphosate utilisée n’a pas cessé d’augmenter sur l’île, dans des proportions sidérantes.
Après le scandale du chlordécone aux Antilles, celui des pesticides CMR à La Réunion ?
Le chlordécone utilisé massivement dans les bananeraies aux Antilles a bénéficié de multiples dérogations délivrées par l’Etat, alors que les risques étaient notoirement connus. Les sols et les eaux sont pollués pour plus de 700 ans et la population est malade, atteinte massivement de cancers de la prostate notamment.
Concernant La Réunion, un rapport de l’association Générations Futures, basé sur les données officielles, démontrait déjà en 2018 que les fruits produits sur l’île contenaient d’avantage de résidus de pesticides.
Génération Ecologie exprime son indignation quant à la politique de l’Etat vis à vis de l’utilisation des pesticides Outre-Mer, abandonnés aux pires pratiques de l’agro-chimie, au mépris de la santé des travailleurs, des habitants et de la préservation d’une biodiversité exceptionnelle.
A la suite du rapport de Santé Publique France, Génération Ecologie exige du gouvernement :
- L’interdiction immédiate de l’usage à La Réunion de toute substance d’ores et déjà interdite en métropole ;
- Une transparence complète sur les autorisations et éventuelles dérogations délivrées au cours des dernières années ;
- Le déclenchement d’une enquête exhaustive sur l’état de santé des travailleurs agricoles, la mesure de directe de leur exposition par relevés biologiques, et la prise immédiate de toute mesure destinée à protéger leur santé ;
- Un plan de sortie des pesticides pour faire de la Réunion un territoire zéro-phyto à la pointe de l’agro-écologie, comme le propose le projet Oasis que nous soutenons.
Delphine Batho, Présidente