27 mai 2020
Heureusement, la Présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, a résisté à la tentation, malgré la crise du Covid-19, de mettre au placard le « plan vert ».
Les moyens proposés pour les sept années (plus de 2,4 mille milliards d’euros), toutes politiques confondues, sont impressionnants mais la vraie question est de savoir comment et avec qui ils seront utilisés.
Même s’il sont présentés comme les « fils rouges » de ce « paquet financier », rien n’indique clairement que la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de l’environnement seront au cœur de toutes les politiques européennes. En mélangeant tout, priorités et politiques et instruments, on reste dans le grand flou pour le plan vert.
Si l’on peut se réjouir de la volonté d’une Politique agricole commune verte, la Commission européenne devra certainement batailler contre certains États Membres et surtout contre les lobbies des groupes agro-industriels qui vont essayer de s’y opposer par tous les moyens. La bonne volonté ne suffira pas s’il n’y a pas des préconisations plus impératives.
Rien n’est annoncé clairement sur un changement radical des politiques européennes en matière de transports, car doter de plus de moyens la politique ferroviaire est bien insuffisant si, dans le même temps, on continue à favoriser l’aérien et la route par du dumping social et la sacro-sainte concurrence.
Le concept de globalisation sans limites n’est pas remis en cause non plus expressément par le plan « vert ». La Commission élude ainsi totalement la question de la politique commerciale extérieure de l’Europe. Les récents accords commerciaux avec le Canada, le Mercosur et le Vietnam, tout comme les négociations en cours avec la Chine et les USA, vont à contre sens en établissant le libre commerce avec des pays qui ne partagent pas nos objectifs environnementaux et sociaux.
Enfin, Génération Ecologie ne peut que s’inquiéter des modalités effectives de mise en œuvre du « plan vert » au travers de mécanismes européens, lourds, bureaucratiques et très lents qui favorisent les grands projets industriels et d’infrastructures « destructeurs » de l’environnement au détriment des petits producteurs, des PME, des jeunes et des femmes, du secteur associatif et de l’économie sociale. Génération Ecologie demande des dispositifs d’accès aux aides qui soient simples et ouverts à tous.
Rien ne sert en effet de « verdir » des politiques si on n’en change pas radicalement l’orientation et si on n’en démocratise pas fondamentalement les rouages .
Henri Malosse, membre du Conseil exécutif en charge de l’Europe, et ancien président du Comité Économique et Social Européen (2013-2016)