16 novembre 2020
Le langage n’est pas neutre : il structure notre pensée et porte notre culture. Du fait de sa dimension politique, la langue française a servi de redoutable outil de domination. Alors qu’elle n’est pas sexiste à l’origine, elle a été manipulée pour légitimer la progressive éviction des femmes des sphères du pouvoir et du savoir, afin d’asseoir la domination des hommes dans la société. Or une langue qui invisibilise les femmes distille dans les esprits une norme et une référence culturellement et systématiquement masculines.
Aujourd’hui encore, alors que l’égalité en droits est acquise, des inégalités profondes persistent et un certain nombre de nos habitudes langagières conduisent à l’invisibilisation du féminin : on peine ou refuse de féminiser les noms de fonctions et de métiers, on désigne les femmes au masculin ou encore on les fait disparaître des accords grammaticaux…
Non, le masculin ne l’emporte plus sur le féminin : cette parenthèse doit maintenant être refermée, et nous devons nous réapproprier un langage qui soit non sexiste. D’autant plus que le langage reste un levier d’action puissant pour rééquilibrer la place des femmes dans les imaginaires collectifs. Cela est possible en réactivant des ressources et stratégies qui existent déjà en français, notamment le vocabulaire dit épicène ou non genré.
Dans cette optique, la commission Écoféminisme de Génération Écologie a rédigé une brochure pour que chacun et chacune puisse comprendre les enjeux politiques, historiques et sociétaux de la nécessaire réhabilitation du féminin dans la langue française, et puisse s’approprier des outils pour employer un langage égalitaire.
Anaïs Widez et Marie-Alix Maes